16 Juin 11 Black Lips – « Arabia Mountain »
Album
(Vice)
06/06/2011
Garage
Il aura fallu attendre dix ans et cinq disques pour que les Black Lips sortent leur meilleur album. Peut être parce que, pour la première fois, le groupe d’Atlanta a fait appel à un producteur pour l’enregistrement de ce « Arabia Mountain ». Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit du bankable Mark Ronson, chargé donc de confirmer pour de bon la notoriété grandissante du groupe après un « 200 Million Thousand » dont le label Vice attendait apparemment beaucoup plus de retombées. Un choix quelque peu surprenant, mais indéniablement fondé lorsqu’on se remémore la maitrise du bonhomme – fan du combo au demeurant – quand il s’agit d’offrir à un disque un délicat voile sixties. Il réussit d’ailleurs ce qui paraissait jusque là relever de la mission impossible pour le quatuor: mettre un peu d’ordre dans ses idées, et gratter la couche de crasse garage punk sans toutefois la faire totalement disparaitre, histoire de rendre les chansons plus propres et plus accessibles.
Ainsi, dès l’entame, « Family Tree » annonce clairement la donne: balancé pied au plancher, il s’éloigne du son lo-fi originel qui autrefois pouvait ennuyer sur la longueur, et annonce un disque truffé de véritables hymnes. Entrain sixties porté par une section cuivres, Jared Swiley à la voix toujours aussi décidée… Incontestablement, les Black Lips n’ont plus besoin de leur production crue d’antan pour sonner comme des sauvages. « Modern Art », second single, est une autre petite bombe ne manquera pas d’enfoncer le clou. Plus tard, le popisant « Spidey’s Curse » laisse croire aux guitares de The Byrds, « Raw Meat » n’a pas grand chose à envier aux Ramones, tandis que « Time » et « Dupster Dive » convoquent respectivement les Beatles et les Rolling Stones. On pourrait toutes les citer tant chacune, bien que différente des autres, pose sa pierre à l’édifice. Y Compris le bien nommé « New Direction » venant confirmer de nouvelles intentions, et le psychédélique « You Keep On Running » finissant d’offrir à cet album une saine diversité.
A la surprise générale, les Black Lips voient donc leurs forces décuplées. Si les puristes de la première heure tourneront peut être les talons à cet « Arabia Mountain » prenant ses distances avec le garage punk de leurs premiers balbutiements, les novices auront en revanche la chance de ne pas avoir pris leur mal en patience. Définitivement l’album le plus ambitieux et risqué de leur courte discographie, « Arabia Mountain » balaye un peu devant la porte des Black Lips qui, désormais, semblent ne plus perdre leurs idées et leurs qualités en route. Et s’il serait exagéré de voir en Mark Ronson le seul maitre d’oeuvre de ce retour à la surface, la contribution de ce dernier remet sans aucun doute le groupe sur les rails d’un futur inspiré, et tout aussi sauvage.
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