16 Oct 13 Betunizer – ‘Gran Veta’
Album / BCore / 15.10.2013
Indie rock singulier
Aussi inqualifiable qu’original, Betunizer ne s’use pas. En effet, c’est sans aucune retenue que le trio distille son rock fougueux partout où l’occasion lui est offerte de faire chauffer ses amplis. Incisif, explosif, dissonant, tordu à souhait, ‘Gran Veta’ – troisième effort discographique – vient démontrer une fois encore la ténacité et la singularité musicale sans compromis des Espagnols. Ainsi, dès ‘Ford Carrillada’, c’est crescendo que l’album s’offre à nous. Le ton monte autour d’une rythmique tribale, d’une guitare inventive, tranchante et inspirée, d’une basse hypnotique, d’un chant faisant écho au chaos. Fidèle à cette même recette bruitiste et déstructurée, le combo nous fusille tympans et cervicales en enchaînant avec aisance des morceaux sans concessions, bien sentis, sans jamais tomber dans l’ennui ou la redite malgré sa nette attirance pour la répétition (‘Aleluya’, ‘Cadera Espanola’). Chaque titre se révèle alors être une pièce unique, un fragment brut de dissonance qui prend sens dans la globalité du disque. Le chant – en espagnol – est élevé autant qu’inspiré et enfonce le clou de compositions instinctives et originales (‘Talco y Bronce’, ‘Le Cock Sportif’, ‘La Mancadita’). Urgent et engagé, Betunizer se livre sans compter, donnant cette impression de massacrer ses instruments avec une maîtrise inébranlable, et se permet même de nous assommer davantage avec de surprenantes mélodies envoûtantes (‘Pantera Pura’, ‘El Ritmo Que Tu Tienes’). Avec ce troisième opus, les trois valenciens assoient donc définitivement l’efficacité d’un rock essentiel, sec et brut, et viennent une fois encore démontrer que du chaos musical peut naître un univers singulier et hypnotique, où chaque instrument trouve une place précise, où le déstructuré sait se mettre en ordre de marche. Que les réticents préférant les productions plus rondes et conventionnelles se le disent: ‘Grant Veta’, c’est comme la goutte à pépé. La première gorgée arrache l’œsophage, la seconde appelle la petite sœur. Du pur bonheur.
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