Betunizer – ‘Enciende Tu Lomo’

Betunizer – ‘Enciende Tu Lomo’

Album / BCore / 23.10.2015
Noise singulière

En cinq années d’existence, Betunizer s’est imposé comme un groupe à part. Prolifiques et généreux, les espagnols n’ont cessé de désarticuler leur punk noise abrasif, ou guitares tranchantes et rythmiques tribales assurent une place de choix à un chant décousu et accrocheur à chaque syllabe : un savoir-faire devenu identifiable dès les premières mesures. Grâce à son opiniâtreté et son talent, mais aussi en faisant le pari de choisir sa langue natale pour scander ses créations, le groupe a acquis une reconnaissance partout en Europe. Ce quatrième album, consolidant des bases déjà très solides, n’y changera heureusement rien. Mieux, bien qu’il se mette en marche dans une impression de désordre, ou chaque instrument semble se comporter en électron libre, il pousse la recette déjà éprouvée par Betunizer à progresser vers des ambiances de plus en plus racées.

Ainsi maniés, tous les titres apportent leur lot de surprises. ‘Camillo José Shellac’ nous pousse d’entrée de jeu dans nos retranchements. Guitare et voix se décalent volontairement derrière une rythmique aux accents tropicaux. Plus incisifs et engagés, les redoutables ‘La Mili Del Placer’, ‘Oleada’, ‘Con La Paraja En Los Talones’, ou ‘La Caza Del Vacilante’ dessinent une vue panoramique de l’ensemble, nous pètent à la gueule, tous armés qu’ils sont de leurs refrains indélébiles. Mieux encore : quand il calme un peu ses ardeurs et ses rythmes endiablés sans rien perdre de son énergie brute (‘Nicho Vegas’, ‘Pantalon Blanco Ajustado’ ou ‘Disfrutar Es Ir Con Todo’), Betunizer se fait encore plus limpide, en gagnant en poigne comme en puissance de frappe. Le tout, enrobé d’une production plus ouverte qu’auparavant et assurée cette fois ci par le bassiste du groupe, ne fait qu’appuyer des titres aussi tordus que surprenants dans leurs cheminements.

Ce qui est incroyable avec Betunizer, c’est sa faculté à trouver sens dans le chaos, tout en gravant des airs immédiats : une marque de fabrique qui s’étale à nouveau à chaque sillon de ce nouvel album éclatant. D’ailleurs, que ce soit sur la globalité de sa discographie ou bien sur scène, le groupe développe une identité forte autour de sa noise tranchante et décousue, qui assure à chaque fois de nous mettre en transe. Inimitable et contagieux.

‘Camillo José Shellac’, ‘Nicho Vegas’, ‘Pantalon Blanco Ajustado’


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