01 Mai 11 Beastie Boys – « Hot Sauce Committee Part Two »
Album
(Capitol)
02/05/2011
Good ol’times
Ces derniers mois, on n’aura cessé de flipper pour les Beastie Boys dont le sort ne tenait plus que jamais qu’à un fil, autrement dit à la santé d’un Adam Yauch faisant face au cancer, sans autre choix que de prendre le temps nécessaire pour remporter son difficile combat. Car il ne faut pas se leurrer: si l’issue de tout cela n’avait pas été si heureuse, nous n’aurions peut-être jamais revu l’inséparable crew, ni même entendu ce « Hot Sauce Committee Part 2 » pourtant terminé bien avant que le mauvais sort ne tombe sur le trio. On sait maintenant à quel point cela aurait été dommage. Car les Beastie Boys ne sont définitivement pas comme ces autres groupes – parfois bien plus jeunes – qu’on voit méchamment vieillir, maintenir la flamme jusqu’à flirter dangereusement avec le pathétique, perpétuer une carrière musicale devenue comme une tradition ridée.
Loin de ce schéma trop souvent rencontré, Ad Rock, MCA et Mike D ont beau se tasser et voir leurs tempes grisonner, ils sont encore les adolescents arrogants et attardés, frais et à la bonne humeur communicative, qu’ils étaient déjà il y a vingt ans (voir le court-métrage « Fight For Your Right Revisited« ). Si on l’avait un peu oublié en 2004 à la sortie du controversé « To The 5 Boroughs« , comme trois ans plus tard avec l’instrumental « The Mix Up« , les trois viennent brillamment le rappeler ici. Car nul besoin de prendre beaucoup de précautions pour affirmer que les Beastie Boys reviennent ici à l’efficacité qui était la leur à la grande époque des « Check Your Head », « Ill Communication », voire du plus passable « Hello Nasty » dont quelques effluves flottent encore ici, au-dessus de « OK ». Plus qu’une surprise, avouez que c’était presque inespéré de la part de mecs assez doués pour perpétuellement s’inventer de nouveaux challenges.
Sans jamais faire du neuf avec du vieux, le trio réadopte non seulement le mélange sampling/acoustique qui était le sien au début des années 90, mais aussi cet imparable mélange de rock, de hip hop et de funk qui ne se faisait jamais prier pour laisser parler la poudre. « Too Many Rappers » (feat Nas), premier titre divulgué il y a un bail et revu depuis, aurait pourtant pu le laisser pressentir si on s’était laissé y croire. À leur tour donc, les claviers sautillants de « Make Some Noise », la basse électrique de « Long Burn The Fire », et la voix saturée de « Say It » enfoncent le clou, tandis que le groove de « Nonstop Disco Powerpack » et « Multilateral Nuclear Disarmament », comme les historiques envolées hardcore du groupe sur « Lee Majors Come Again » finissent d’en faire une jouissive réalité.
Restent, pour agrémenter le tout, ce « Don’t Play No Game That I Can’t Win » délibérément reggae dub chanté par Santigold, ainsi qu’une poignée de titres plus utiles pour le relief de l’album que véritablement en demi-teinte (le old school « Funky Donkey », « Tadlock’s Glasses »). Sans pondre de puissants tubes de la trempe de « Sabotage » ou « Intergalactic », le groupe préfère souligner la cohérence et la qualité constante de ce « Hot Sauce Committee Part 2 », définitivement le parfait condensé de toute sa discographie, de toutes ces petites richesses qui sommeillaient en lui depuis quelques temps. Frappés d’une seconde jeunesse qui réveille l’enthousiasme, les Beastie Boys signent ainsi un retour aux basiques que même les plus patients de leurs fans n’osaient plus envisager. Rocking the house till the break of dawn…
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