28 Mar 10 B.Dolan – « Fallen House, Sunken City »
Album
(Strange Famous)
02/03/2010
Hip hop alternatif
Sans même qu’on ait besoin d’entendre ce que B.Dolan a à dire, il faut peu de temps pour qu’on devine son mentor. En effet, barbe et carrure de footballeur américain rappellent immédiatement ce bon vieux Sage Francis, atypique phénomène hip hop, bourré de matière grise. Comme lui, B.Dolan est poète, slammeur, activiste à la sensibilité théâtrale maintes fois vérifiée en live, et n’a pas la langue dans sa poche: que de points communs qui se sont concrétisés par la décision de faire route commune, à la fois via le site internet knowmore.org qu’ils ont créé ensemble, mais aussi via Strange Famous Records par le biais duquel Sage Francis a réédité « The Failure » en 2008, le premier double album de Dolan alors introuvable. Deux ans plus tard, la belle collaboration se poursuit, et « Fallen House, Sunken City » impose encore un peu plus le Mc de Providence comme un des acteurs les plus intéressants de la nouvelle génération. Entièrement produite par Alias – une première puisqu’il n’avait jamais produit l’album d’un autre en intégralité – cette deuxième salve officielle répond ainsi parfaitement aux attentes du public hip hop qui avait jusque-là seulement entendu parler de lui par bribes. B.Dolan y récite désormais avec plus de mélodies ses revendications politiquement engagées, dénonce le plus souvent les dérives consuméristes (« Fifty Ways to Bleed Your Customer ») ou les injustices sociales, sur des productions sombres et pesantes (« The Hunter »), aux basses toujours bienvenues pour arrondir les angles d’un discours quelque peu agressif. « Fallen House, Sunken City » peut ainsi s’écouter à deux niveaux: en tendant l’oreille pour y comprendre les textes, ou en appréciant seulement l’efficacité de l’association d’un beatmaker expérimenté, revenu à un hip hop plus traditionnel et varié que lors de ses derniers solos (« Fall Of T.R.O.Y » avec POS et Cadence Weapon), et d’un Mc qui n’hésite pas à déballer généreusement ses tripes. Il en ressort logiquement quelques titres totalement représentatifs de l’osmose trouvée (« Leaving New York », « Economy Of Words », « Body Of Work », « Border Crossing » et ses cuivres volés à une marche funéraire de la Nouvelle-Orléans), qui redonneront incontestablement le sourire au public Anticon de la première heure. Sa carrière belle et bien lancée, B.Dolan peut désormais voler de ses propres ailes sans craindre l’atterrissage.
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