Aucan – « Black Rainbow »

Aucan – « Black Rainbow »

aucan180Album
(Africantape)
07/02/2011
Human dubstep

Vu de France, les Italiens sont de vrais provocateurs, toujours prêts à quelques cabrioles qui fassent enrager au plus haut point. Originaire de Brescia, Aucan ne déroge pas à la règle et l’a maintes fois prouvé. Sur son premier album éponyme d’abord, lorsque le trio usait généreusement de synthétiseurs au sein d’un math rock plein de promesses, quitte à froisser les puristes du genre et ouvrir les vannes de récurrentes comparaisons avec Battles. A la sortie du Ep « DNA » ensuite, nettement plus electro et plus direct, comme pour enfoncer le clou et faire définitivement sortir de leurs gonds les plus réfractaires aux machines.

Cette stratégie n’était pourtant pas à prendre à la légère. En effet, en entrechoquant un énorme « Crisis (Club Version) » à la profondeur electro toute spatiale, et un « DNA » qui laissait ouvertement la place au chant, Aucan trouvait alors ce petit confort qui allait lui offrir la direction musicale de son cru 2011, redoutable d’efficacité mais à mille lieux de son math rock originel. Car avec « Black Rainbow » le bien nommé, il poursuit tête baissée sa quête d’un esthétisme toujours différent, novateur au possible.

Plus sombre que jamais, le groupe remise pour de bon ses guitares au placard, pour mieux miser sur une vision très personnelle d’un dubstep aux ambiances généralement planantes et cotonneuses, parfois tendues (« Sound Pressure Level », « Away! »), qui se démarque par son chant, un sens affirmé de la mélodie, et des compositions variées au relief toujours appréciable. Du coup, Aucan va conforter ses admirateurs arrivés sur le tard, certainement moins les plus anciens d’entre eux, mais ne va pas manquer en revanche de rallier à sa cause un public totalement novice, aussi sensible à la mélancolie made in Bristol (« Blurred » feat Angela Kinczly), qu’à l’efficacité d’Ez3kiel (« Storm ») ou aux expérimentations d’Aphex Twin et Radiohead.

Mais ici, Aucan réduit également en miettes toute franche tentative de comparaison en alignant une poignée de petites perles, autant d’arguments de défense pour une personnalité musicale manifestement grandissante que « Embarque » et « In a Land » – plus respirations bénéfiques que faux pas – ne viendront en aucun cas ombrager. Alors, bien aidé par l’entrainant « Heartless », le douillet « Save Yourself », ou le monumental « Black Rainbow » qui clôture la danse, ce nouvel album frise non seulement le sans faute, mais montre aussi à quel point les trois électrons libres d’Aucan avancent avec goût et maitrise dans un univers musical dont ils sont apparemment les seuls à connaitre les limites.

Aucan sera en concert le 5 mars 2011 à La Flèche d’Or, avec Lab° et Gâtechien, à l’occasion de la quatrième édition des Mind Your Head initiées par Mowno.

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