19 Août 10 Arcade Fire – « The Suburbs »
Album
(Barclay)
03/08/2010
Indie rock folk
Pas évident de piocher la carte de la constance quand, pour son premier album, on touche la perfection du doigt. C’est toute la difficulté qui s’est imposée en 2007 à Arcade Fire, auteur deux ans plus tôt du monumental « Funeral », sans conteste un des albums les plus incontournables des années 2000 tant il bravait des pics émotionnels trop rarement atteints. Les Canadiens étaient alors grimpés si haut que « Neon Bible », malgré quelques belles tentatives, n’a pu qu’accompagner leur descente. L’heure d’une remise en question et d’un retrait du devant de la scène s’imposait alors à Win Butler et sa bande, comme les traits tirés par la débauche d’énergie qu’il leur aura fallu puiser pour endosser définitivement le costume du grand groupe de rock qu’il est devenu. Trois ans sont passés depuis: assez pour promettre quelques changements, comme silencieusement espérés par nombre de fans osant à peine adresser leurs critiques au mythe naissant.
C’était prévisible, « The Suburbs » n’a pas l’impact de « Funeral », mais demeure un très bon disque affichant autant une certaine continuité (« Ready To Start ») que quelques distances oxygénantes avec le passé. En 2010 en effet, les violons laissent un peu plus aux synthés l’opportunité de se faire entendre (« We Used To Wait », « Sprawl II » aux accents Blondie), Régine se fait aussi plus discrète, et Arcade Fire, en privilégiant des compositions plus folk, apparaît comme rangé, ne se laisse plus submerger par une inspiration débordante. Pas forcément un mal, car si l’afflux d’idées avait offert un pont d’or au premier disque, il en fallait peu pour qu’il plombe dangereusement son successeur. Du coup, « The Suburbs » peut se vanter d’être l’opus le plus homogène de la discographie du groupe: une qualité qui peut pourtant rapidement se transformer aussi en vilain défaut puisqu’elle gomme toutes éventualités de surprise. Plus encore quand le combo joue ainsi la carte de la générosité avec un tracklisting à rallonge qui, il faut l’avouer, aurait mérité d’être plus condensé pour aller plus vite à l’essentiel.
Ce décor désormais planté, si quelques morceaux s’imposeront nettement comme de futurs classiques d’Arcade Fire (l’ouverture éponyme, « Ready To Start », « Suburban War », « Deep Blue »), que certains répondent seulement aux minimum espéré (« Modern Man », « Rococo », « We Used To Wait »), d’autres en revanche semblent posés là comme par miracle, au point de ternir quelque peu l’impression globale laissée par « The Suburbs ». Ainsi, à l’exception du bon intrus « Month Of May », on aurait volontiers rendu « Empty Room », « City With No Children », « Wasted Hours », les deux « Half Light » à leurs propriétaires, histoire de ramener ce disque à un format plus classique qui tienne en haleine du début à la fin. Mais Arcade Fire – revenu désormais à la couleur, à la lumière, et à une légèreté communicative – ne mérite pas d’en souffrir tant il répond parfaitement aux attentes en restant fidèle au degré d’exigence qui a toujours été le sien.
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