21 Déc 12 Zombie Zombie – « Rituels d’un Nouveau Monde »
Album
(Versatile)
22/10/2012
Epopée tropicale
Depuis sa formation improbable il y a quatre ans, Zombie Zombie fait du patrimoine musical mondial un véritable terrain de jeu. Après le Berlin fluo de »A Land For Renegades », l’hypnotique »Plays John Carpenter », Neman et Jaumet se lancent dans l’exploration de territoires inconnus. Point d’oppression paranoïaque à la »The Thing », il est ici question d’une visite guidée à travers ce qui pourrait être les paysages de l’Amerzone de Sokal. Dans cette bande-dessinée sortie en 1986, de loin le meilleur opus de la série, l’inspecteur Canardo pérégrine à travers le pays du même nom pour sauver un scientifique des griffes d’un dictateur, un périple synonyme de rencontres avec des créatures fantastiques et une faune tropicale. Si »Rituels d’un Nouveau Monde » était illustré, ses deux protagonistes traverseraient probablement aussi fôrets de lianes, mangroves et berceaux d’alligator pour parvenir à la planète Vénus.
Le cinéma de Carpenter était à l’origine de l’oeuvre précédente. Cette fois, Zombie Zombie se lance dans l’exercice de style inverse: le score du film imaginaire. Pour cette nouvelle quête, le duo s’installe dans le temps. Moins frénétique qu’auparavant, il élabore chacune de ses compositions avec une narration proche du cinéma, jouant sur de lentes progressions, ponctuées de brèves ruptures en guise d’ellipse. Le duo nous replonge dans les reliefs de nos cartes hologrammiques, avec leurs couleurs sursaturées et leurs distorsions de perspectives. Ainsi, »Rituels d’un Nouveau Monde » ne s’écoute pas comme »Carpenter »: plus homogène, écrit et pensé comme une entité, il ne trouve grâce que par une audition attentive et entière, seule voie pour discerner toutes ses nuances chromatiques.
À ce titre, ce nouvel album pourrait incarner le reflet synthétique du tryptique de NLF3 ( »Ride On a Brand New Time », etc…), un voyage accessible dès lors que l’on comprend que l’ouïe n’est pas l’unique sens sollicité. À l’heure où certains clament la mort de l’album, les français prennent la route opposée avec cette oeuvre élaborée avec prologue, chapitres et épilogue. Moins immédiat, mais plus riche à long terme, ce nouveau Zombie Zombie est un petit bijou acidulé, une drogue de synthèse dont les effets se ressentent bien longtemps après l’ingestion.
En écoute intégrale
No Comments