
18 Mar 25 Zombie Zombie – ‘Funk Kraut’
Album / Born Bad / 07.03.2025
Electro kraut
Pourquoi chercher à sonner la révolution à chaque album quand on nourrit depuis ses débuts une musique à l’identité fortement marquée ? Depuis 2006, Zombie Zombie mêle en effet synthés et percussions, les joue live pour donner naissance à un savant mélange de krautrock et de musique électronique analogique, aux consonances cinématographiques. Le terrain de jeu est grand, suffisamment pour ne pas avoir à s’en aller marcher sur les plates-bandes des autres, eux aussi biberonnés aux rythmes motorik si chers aux allemands de Can, Kraftwerk et Neu!
Trois ans après le conceptuel Voe Vobis, leur précédent album et premier pour Born Bad Records, Etienne Jaumet, Cosmic Neman et Dr Schönberg continuent donc d’innover en explorant des recoins plus aérés de leur champs d’action. A l’image de No Cruise Control qui ouvre les hostilités, c’est sûr, Zombie Zombie kraute toujours. Le trio file droit comme un i, avec la rigueur et la régularité d’une electro à peine distraite par quelques incursions de musique concrète. Pour ce qui est du funk, on n’est certes pas sur de la bottine à talon dissimulée sous une patte d’eph’ et glissant sur un parquet lustré, mais ça ne nous empêche pas de danser. Demandez à Densité, porté par des accords (si, si) de Jaumet et des claps au loin, qui invite clairement au déhanché.
Mais chez Funk Kraut, ce n’est jamais tout l’un ou tout l’autre. ‘Motorik Vibes & Stereo Grooves’ annonce le sticker de sa pochette, où l’esperluette n’a pas été choisie au hasard. En atteste Jungle The Jungle, porté par le saxo et armé d’un break redoutable, tout comme Helix qui lui embraye le pas. Plus tard, Double Z et Snare Attack, pourtant bien différents, se lancent à leur tour dans une battle rythmique redoutable sans qu’aucun des deux batteurs ne finisse par prendre le dessus sur l’autre, preuve de la forte homogénéité qui frappe ce nouvel album intégralement instrumental. Et ce n’est pas le dub mélancolique de Aurillac Accident, ni la disco sous speed de Dodorian qui viendront contrecarrer les plans plus que jamais fédérateurs de ces trois parisiens qui, même en retournant non loin de la source, ont encore manifestement plus d’un tour dans leur sac.
Photo : Pauline Gouablin
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