Zoe Heselton & Sister Outsider – ‘Another Kind of Suicide’

Album / Teenage Menopause / 18.04.2025
Blues folk

D’origine britannique mais désormais résidente strasbourgeoise,  Zoe Heselton a quelque chose que beaucoup n’ont pas. Déjà convaincante sur scène, où elle se produit régulièrement seule avec sa Telecaster ou accompagnée d’Inès Rousset à la basse, la poétesse et musicienne a en elle ce magnétisme que l’on trouve d’ordinaire chez les plus grands, Nick Cave ou PJ Harvey notamment, quand eux aussi mettent la musique en suspension pour que les mots résonnent plus fort (What Am I Doing Here, Another Kind of Suicide).

La comparaison est osée tant Heselton est encore loin de leur renifler les talons, pourtant c’est le même genre de magie qui opère quand on dévore une par une les délicates compositions de ce premier album. Quelque part en blues et dark folk, illuminés ici ou là par des élans traditionnels (flamenco sur Day By Day et Another Kind of Suicide, orientaux sur Breath by Breath), ces neuf titres se voient offrir profondeur et richesse grâce aux contributions des Sister Outsider, ces musicien.ne.s discret.e.s mais indispensables, convoqué.e.s pour servir des textes qui ne sont pas là pour simplement occuper l’espace. Tanbur scandinave, vielle à roue et saxophone s’ajoutent ainsi aux instruments plus communs du genre, et se portent responsables d’arrangements souvent retenus (Maybe It Is 3 AM, A Game of Chess), parfois bruitistes contrastant avec les douces mélodies que Heselton joue et signe de sa voix androgyne (Salt Water Ritual, Breath by Breath).

Confortée d’un bout à l’autre de ce disque par la force du collectif, Zoe Heselton, authentique à chacune de ses notes, habitée au point de virer mystique en quelques occasions, mène la ronde, charme tel un serpent puis vous mord pour que plus jamais vous ne puissiez vous détacher de sa musique. Elle joue, tu perds. Certains pourraient effectivement y voir une forme de suicide. Pourvu qu’on crève tous dans ces conditions.