22 Juin 11 Yuksek – « Living On The Edge Of Time »
Album
(Barclay)
13/06/2011
Electro pop
Yuksek n’est finalement pas plus verni que les autres. Le temps des sons pachydermiques de 2008 étant largement révolu, lui aussi aura du faire face à la nécessité cruciale de se renouveler. A la veille de ce « Living On The Edge Of Time », deux choix s’offraient donc au producteur rémois: opter pour les risques inhérents aux saines remises en question, ou tourner en rond en restant bien confortablement fidèle à une recette qui a déjà largement fait ses preuves. De prime abord, ce nouvel album ayant décontenancé son public dès son premier single « On a Train » dévoilé, on serait tenté de dire que Yuksek a raisonnablement choisi la première, en privilégiant nettement une approche grand public, celle qui saute aux oreilles tout au long de ces onze nouveaux titres bien ancrés dans une époque ou la pop est clairement décidée à regagner du terrain sur les turbines electro made in France.
C’est d’ailleurs celle-ci qui le pousse ici sous les boulets rouges tirés par les puristes electro, quelque peu dépaysés par les tubes en apparence faciles qui jonchent ce nouvel opus et qui, à n’en pas douter, feront une nouvelle fois le bonheur des pubeux, des programmateurs radio, et des compileurs. Parce qu’il ne faut être un expert musical pour saisir très rapidement le potentiel des instantanés « Always On The Run », Off The Wall » et « On a Train », ou des « White Keys », « The Edge », et « Miracle », tous trois frappés de plein fouet par l’école mélodique rémoise également incarnée désormais par The Bewitched Hands, The Shoes et Alb. C’est alors une évidence: Yuksek a des envies de grandeur, veut plus de monde encore à ses concerts, et ajouter un peu de caviar à ses toasts. Des velléités pour le moins compréhensibles, même si elles tendent à rendre son registre plus lisse et inoffensif qu’il ne l’était déjà lors de quelques passages de « Away From The Sea« .
Justement, à réécouter plus attentivement ce premier album, impossible d’occulter le fait que, sous ses tubes les plus efficaces de l’époque (dont on retrouve quelques miettes ici sur « Fireworks » par exemple), il laissait déjà nettement entrevoir cette évolution. Derrière sa putasserie d’apparence, « Living On The Edge Of Time » s’inscrit donc plus en digne successeur qu’en « all in » avec pour ambition cachée de pondre un – voire deux – « DANCE », ce tube qui avait propulsé Justice sur des hauteurs internationales privilégiées. Pas sur pourtant que Yuksek y parvienne. Néanmoins, le Rémois n’est définitivement plus ce producteur uniquement connu des initiés: à multiplier les coups d’éclat, en mariant l’electro et la pop avec une vision aussi systématiquement tubesque, il est lui aussi devenu une figure ambassadrice d’une electro française grand public capable de s’emparer durablement des platines disques étrangères. Gare cependant de ne pas pousser jusqu’à la ménagère de moins de cinquante ans, histoire de ne pas finir sur une émission racoleuse de TF1 ou de retrouver sa musique dans un jouet de menu enfant McDonald. Yuksek vaut tellement mieux que ca…
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