01 Avr 15 Young Fathers – ‘White Men Are Black Men Too’
Album / Big Dada / 06.04.2015
Musique urbaine avant gardiste
Les choses peuvent parfois aller très vite. Young Fathers le sait, lui dont les obscurs débuts chez Anticon remontent à seulement deux ans. Depuis, le trio écossais a sorti deux Eps très prometteurs, puis a amplement confirmé son talent sur ‘Dead‘, un premier album qui lui a offert un très envié Mercury Prize de l’autre côté de la Manche. Machine désormais bien rôdée, fer de lance d’un hip hop qui n’hésite jamais à arpenter des territoires étrangers voire inconnus, le groupe ne coupe pas pour autant à la difficile tâche de devoir rééditer l’exploit tout au long de ‘White Men Are Black Men Too’, un deuxième opus qui – forcément – en dira long sur l’avenir de ses géniteurs.
Devant cette tâche particulièrement périlleuse, Kayus Bankole, Alloysious Massaquoi et Graham «G» Hastings ont pourtant rajouté une autre couche de savon sur la planche en s’éloignant encore un peu des racines de sa musique pour souligner plus franchement ses envies d’expérimentation. Ainsi, Young Fathers prend clairement ses distances avec un hip hop que l’on ne fait plus que deviner, et vient taquiner les rares artistes à s’être brillamment sorti du piège des étiquettes. Si la volonté est plutôt louable, elle ne prend forme que trop rarement tout au long de ces douze titres se perdant souvent dans leur vice et leur quête d’originalité.
Ainsi, c’est parfois l’effet inverse qui se produit: Young Fathers finit par copier l’originalité des autres à défaut de mettre la main sur la sienne. C’est même flagrant sur une poignée de titres sonnant ni plus ni moins comme du TV On The Radio des mauvais jours (‘Shame’, ‘Liberated’, ‘John Doe’). Dès lors, le trio ne peut plus compter ici que sur les éléments originels de sa musique, ceux qui l’ont propulsée vers des hauteurs insoupçonnées, mais qu’on aurait imaginé mariés dans une plus forte cohésion au sein de ‘White Men Are Black Men Too’: cette balance bien équilibrée entre sonorités rudes et voix lumineuses (‘Nest’, ‘Dare Me’), ces productions fourmillant de détails (‘Feasting’), ces textures travaillées en profondeur (‘Sirens’, ‘Old Rock n’Roll’).
Malgré tout, y compris lorsque l’on retrouve une science très personnelle du groove, les velléités pop urbaine (’27’) de Young Fathers finissent par noyer sa sauce, le priver de cette efficacité qui – jusque-là – illuminait la moindre de ses bonnes idées. Pour la première fois, on croise même un désagréable sentiment de pénibilité à l’écoute de quelques titres qui, bien qu’ils transpirent l’inspiration et le travail accompli (‘Still Running’, ‘Rain Or Shine’), n’ont manifestement plus le pouvoir d’attraction émotionnel des oeuvres passées. ‘White Men Are Black Men Too’ aura beau rester une performance, la musique – pour être écoutée durablement – ne peut pas se résumer qu’à cela.
‘Old Rock n’Roll’, ‘Nest’, ‘Dare Me’
Toto
Posté à 21:48h, 01 avrilHey, je vous adore chez Mowno, mais vous vous trompez : cet album est énormissime. Je suis bien plus ok avec cette chronique que la vôtre pour une fois http://acepropos.fr/acepropos/disques/chroniques/young-fathers-1/55
Je suis sur le cul devant ce disque.