Yoo Doo Right – ‘A Murmur, Boundless to the East’

Yoo Doo Right – ‘A Murmur, Boundless to the East’

Album / Mothland / 10.06.2022
Shoegaze psyché – Post rock

Après un premier album qui le voyait s’essayer avec une impétuosité confondante à un rock essentiellement instrumental au croisement du krautrock et du shoegaze, Yoo Doo Right parvient à dépasser tous les espoirs qu’il pouvait susciter avec un second album implacable qui devrait le voir définitivement s’imposer sur la scène psychédélique mondiale.

Avec un blaze renvoyant directement aux exploits d’un des plus fameux représentants du rock expérimental allemand, on s’attendait naturellement à voir les montréalais s’adonner à nouveau aux joies de la pulsion répétitive et des textures synthétiques inhérentes au genre krautrock. Les origines de la formation semblent toutefois avoir pris le dessus sur ce second opus. En témoigne un son à la fois massif et épique, ainsi que quelques inévitables titres à rallonge qui les place en filiation directe de la mouvance post-rock canadienne dont le pouvoir de fascination demeure intact malgré le poids des années.

Enregistré au mythique studio Hotel2Tango en compagnie de Radwan Ghazi Moumneh et bénéficiant du violon de la précieuse Jessica Moss, le groupe a ainsi bénéficié des meilleurs auspices pour bâtir un impressionnant mur du son et venir tutoyer les meilleurs architectes en la matière, de Godspeed You ! Black Emperor à My Bloody Valentine. En formation resserrée depuis le départ d’un de ses membres, le désormais trio a profité de la pandémie pour prendre le temps de développer ses compositions et se concentrer sur ce qui fait sa force : un son d’une puissance herculéenne doublé d’une nervosité propre au post-punk qui vient redonner de l’intensité à un genre trop souvent occupé à se mater les doigts de pieds.

Évitant l’écueil de se perdre dans des digressions indigestes, le trio a l’excellente l’idée de parsemer ses compositions d’interventions vocales pour mieux guider l’auditeur à travers leurs brasiers stellaires. Le martèlement hypnotique du titre d’introduction Say Less, Do More est ainsi traversé par les scansions fiévreuses de Justin Cober qui insufflent une énergie plus qu’appréciable à une charge héroïque qui aurait autrement pu ployer sous sa propre pesanteur. Les autres titres de l’album font preuve de l’impressionnante capacité du groupe à maîtriser son cap et sa dynamique, comme sur l’excellent SMB et son crescendo tout en arpèges insidieux, ou encore sur The Failure of Stiff, Tired Friends et ses lignes de synthés cosmiques. La pièce maitresse de l’album est toutefois incontestablement son final explosif, Feet Together, Face Up, on the Front Lawn, qui parvient à maintenir en apesanteur une masse sonore d’une lourdeur insoutenable et qui ne peut à son terme que laisser l’auditeur dans un état de torpeur exquise.

Ayant injecté une bonne dose d’urgence et de radicalité à un genre confinant trop souvent à la léthargie, Yoo Doo Right nous offre un shoegaze psychédélique revitalisé dont il devrait parvenir sans peine à convaincre tous les amateurs.

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A ECOUTER EN PRIORITE
SMB, The Failure of Stiff Tired Friends, Feet Together Face Up on the Front Lawn,

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