28 Avr 19 Yôkaï – ‘Yôkaï’
Album / Humpty Dumpty / 26.04.2019
Experimental jazz rock
Alors que la nouvelle scène jazz londonienne emmenée par Shabaka Hutchings et consorts est en train de déferler un peu partout, la Belgique n’est pas en reste et voit éclore ces dernières années un nombre remarquable de formations jazz passionnantes, unies par un même esprit aventureux. Étrange entité au patronyme emprunté au folklore nippon, Yôkaï fait partie de ces groupes dont l’éclectisme et le rejet des codes déjoue toute tentative forcément vaine de catégorisation.
Paru sur le très recommandable label Humpty Dumpty Records, le premier album éponyme du collectif bruxellois composé de huit musiciens issus du jazz et du rock (dont l’excellent guitariste Clément Nourry, auteur en 2016 d’un superbe album solo Under the Reefs), constitue un objet difficile à appréhender de par sa diversité. Yôkaï voit en effet le groupe s’émanciper du jazz éthiopien qui dominait son premier EP pour arpenter de nouvelles directions musicales à la trajectoire parfois incertaine.
Si les sonorités ethio-jazz sont toujours audibles, en particulier sur Argo et l’excellent titre d’introduction Plutonia (avec son motif de clavier obsédant), ce premier album voit toutefois Yôkaï embrasser ses influences hétéroclites pour développer une musique insaisissable, à la croisée du free jazz et du rock psychédélique. Riche en surprises, donc.
Entre improvisations ambient collectives (Daphné, dont l’approche texturale évoque les expérimentations de Supersilent) et jams krautrock en roue libre (X ou encore Euonymus et ses synthés anxiogènes) vient ainsi se glisser de manière presque incongrue une ballade aérienne du plus bel effet (Petit Indien n°3). C’est presque en catimini que ce curieux métamorphe nous fausse ensuite compagnie avec une lente ritournelle que rien ne laissait présager (Digitaline).
À l’arrivée, le collectif bruxellois nous livre un album plein de mystère et d’un potentiel de séduction hors norme, qui l’impose comme l’un des défricheurs les plus prometteurs de la scène belge.
A ECOUTER EN PRIORITE
Plutonia, Petit Indien N°3, X, Argo
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