YG – ‘4REAL 4REAL’

YG – ‘4REAL 4REAL’

Album / Def Jam / 24.05.2019
Hip hop

Aujourd’hui figure emblématique du rap californien, YG arrive dans une phase particulière de sa carrière avec ce quatrième album. Au vu du contexte, 4REAL 4REAL a tout d’un projet sorti par impulsion histoire de faire oublier le timoré Stay Dangerous sorti il y a moins d’un an. Mais il s’agit aussi et surtout de rendre hommage au rappeur Nipsey Hussle brutalement assassiné en mars dernier, malgré la rivalité qui agitait leurs deux gangs (‘When you think about the West, it’s me and Nip, red and blue‘ rappelle t-il sur l’ouverture Hard Bottoms & White Socks). Au dessus de ces considérations, YG avait trouvé en lui une inspiration et un modèle, pour sa longue progression indépendante jusqu’au succès de Victory Lap, comme pour son travail incessant au sein de sa communauté, en faveur de l’entrepreneuriat et de l’apaisement social.

Profondément touché par cette perte, YG évoque cette figure sur de nombreux passages de 4REAL 4REAL, depuis la pochette jusqu’au dernier morceau qui n’est autre que son hommage personnel rendu au funérailles de Nipssey. Sans tomber dans la complainte, cette épreuve tisse un lien vers la représentation de YG au sein de sa communauté, et glisse vers des questionnement que l’on retrouve tout au long de l’album et qui interroge, derrière l’egotrip, l’aura du rappeur, son importance au sein de sa ville, ainsi que ses réseaux et ses cercles.

Dès l’ouverture, YG se recentre sur lui-même dans un pur exercice de style qui le voit réaffirmer son emprise sur la Californie (‘Talkin’ ’bout the West Coast, I’m the face of it‘ rappe t-il dès le premier refrain) le long d’un piano apaisé qui ne fait que renforcer son assurance tranquille. Sans pitié pour les balances qu’il crucifie sur Stop Snitchin’, il célèbre la réussite de son entourage sur Hard Bottoms & White Socks avant de retracer son immuable présence au sein du quartier le temps d’un refrain, d’observer l’ascension d’un proche sur le minimaliste (et génial) I Was On The Block.

Soucieux de magnifier l’ensemble des nuances qui composent le spectre musical de Los Angeles, YG profite d’une guitare hispanique pour porter son regard sur la communauté latino et composer en même temps Loko, un tube indolent porté par la rythmique espiègle de DJ Mustard. Plus que jamais réconcilié avec son rappeur fétiche, le producteur excelle une nouvelle fois dans son style dépouillé qui alterne pianos implacables (Stop Snitchin et Bottle Service) et basses vrombissantes (I Was On The Block, In The Dark) qui habillent des productions dégraissées que YG se charge d’habiter de sa présence et d’un phrasé plus versatile que jamais.

Multipliant les angles et les approches, YG délivre au final un quatrième album appliqué qui le replace au centre de sa ville, de son quartier et qui confirme par ses temps forts, l’exceptionnel maîtrise d’un rappeur installé très haut sur son trône, soucieux de ne s’élever que pour les siens.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Bottle Service, Go Loko, Stop Snitchin, I Was On The Block, Heart 2 Heart, Do Yo Dance


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