07 Mar 12 Yeti Lane – « The Echo Show »
Album
(Clapping Music)
07/03/2012
Après »Twice », leur deuxième sortie post-Cyann & Ben, nous avions laissé Yeti Lane avec amertume au bord d’une route ombragée, dans l’attente de productions plus complètes. Il était clair, déjà, que le duo regorgeait de talent mais l’espace médiatique restreint à l’habituelle soupe, comme l’absence criarde de curiosité du public, promettaient une indifférence générale à son égard. C’était sans compter son ingéniosité, car avec ce nouvel album, le joyau est bien trop brillant pour sombrer dans l’ombre.
»The Echo Show » est une œuvre magistrale. Son introduction »Analog Wheel » est de la trempe de ces morceaux que certaines formations cherchent depuis toujours à composer, en vain. Dès cette entame, Yeti Lane érige un véritable mur du son, bien aidé par l’oreille d’Antoine Gaillet à l’enregistrement (M83, Zombie Zombie, The Berg Sans Nipple). Rares sont les formations hexagonales dont l’ambition sonore est aussi démesurée. Fort heureusement, ce tourbillon d’expérimentations ne souffre pas d’emphase. Subtiles et aériennes, leurs compositions dévoilent toute leur qualité par le détail. Derrière les dissonances, la multiplication des claviers et des pédales, se cache une obsession pour les mélodies captivantes, tour à tour lumineuses et nébuleuses.
Pour ne rien gâcher, aussi raffiné soit-il, »The Echo Show » n’évite pas les turbulences. Épique et puissant, Yeti Lane atteint le difficile équilibre entre l’ambition et la raison. Surtout, la formation trouble dans ses moments d’accalmie. D’une beauté éclatante, »Alba » tombe le moindre cœur, même le plus endurci. Enfin, en guise de conclusion, »Faded Spectrum » répond parfaitement à »Analog Wheel ». Sonore, d’une ampleur dantesque, cette dernière piste prend aux tripes et finit d’élever l’atmosphère à un niveau de sauvagerie encore jamais ressentie chez ce groupe.
Difficile donc de résister à la tentation des éloges face à ce duo français qui pousse très loin les limites du genre, en épurant au maximum les éternelles références kraut pour forger une identité sonore à part. La voix de Ben Pleg constitue d’ailleurs l’illustration parfaite de ce nouveau virage; précise, aérée, stellaire, son utilisation fait d’elle l’instrument idéal pour sublimer ces instrumentations souvent emportées. »The Echo Show » innove sans laisser de côté les oreilles les plus hermétiques à ce type d’expérience. Plus qu’une simple confirmation, Yeti Lane change de catégorie et rentre dans la cour des grands. Par ailleurs, le travail accompli par le label Clapping Music (Clara Clara, Karaocake) est salvateur, suffisamment pour saluer sa contribution au paysage musical français qui n’en finit plus de se renouveler.
Robert Salmerde
Posted at 01:02h, 22 décembreDu kraut alambiqué. Gonflant.