Working Men’s Club – ‘Fear Fear’

Working Men’s Club – ‘Fear Fear’

Album / Heavenly / 15.07.2022
Synth post punk

Jeunesse. Talent. Gueule d’ange. Moue et mèche savamment travaillées. Background NME compatible – de adolescence solitaire aux références impeccables en passant par un goût prononcé pour les claviers vintage. Valises posées à Manchester. Adoubement de pairs respectables, tels Baxter Dury ou Fat White Family. Signature sur Heavenly, label indé historique. Sens de la formule (‘La Britpop ne nous intéresse pas’). Succès critique d’un premier album éponyme. Sydney Minsky-Sargeant coche toutes les cases. Absolument toutes. De fait, son Working Men’s Club a tout pour plaire. Ou plutôt, déplaire. Car on ne la fait pas aux vieux singes comme nous.

C’est donc avec une mauvaise foi clairement assumée que l’on s’est lancé dans l’écoute du deuxième album de WMC. Bien mal nous en a pris car, dès l’angoissante introduction de 19, Fear Fear met à mal nos préjugés les plus crasses. Minsky-Sargeant, tel un Mark E. Smith de la génération Z, ne triche pas. La sincérité du gamin du West Yorkshire impressionne et secoue la paillasse. Sa frustration est réelle et le sentiment d’injustice qui l’anime, permanent. Vingt ans, le plus bel âge de la vie ? Pas en 2022, en tout cas. Pour le jeune homme, la découverte de la vie d’adulte sur fond de pandémie s’apparente plus à une punition qu’autre chose. La situation ne semble pas désespérée pour autant car, sur ce nouvel album, plutôt que de s’apitoyer sur son sort, le garçon préfère nous faire danser (en faisant certes un peu la gueule mais, bon, c’est de bonne guerre).

Fuck it and let’s dance, pour faire simple. Jouer des coudes sera cependant nécessaire pour se frayer une place sur un dancefloor bondé et monopolisé par les fantômes de Madchester. Venus tout droit de Sheffield pour l’occasion, The Human League et Cabaret Voltaire ont d’ailleurs préféré rester au comptoir et regarder de loin, avec une bienveillance certaine, leur descendance transpirer froidement sur le post punk électronique de Widow ou le très kraut-kraftwerkien Cut. L’atmosphère est étouffante, oppressante. Il en faut plus, cependant, pour décourager New Order. Nommés chorégraphes en chef de la soirée, Hooky et sa bande assurent le show le temps de battles sales et salaces avec Saint Etienne sur Ploys, ou encore The Fall sur Rapture. On se réveillera assurément le lendemain matin avec les cervicales et chevilles en vrac. Mais également sans regret car ça faisait longtemps que l’on n’avait pas passé un aussi bon moment.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Widow, Ploys, Cut, Rapture, Circumference, Heart Attack

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