30 Jan 20 Wolf Parade – ‘Thin Mind’
Album / Sub Pop / 24.01.2020
Indie pop
Wolf Parade annonce la couleur dès l’intro d’Under Glass, titre inaugural qui nous plonge dans la pop, sans équivoque possible. Ici, pas de tangente ou d’échappatoire envisagés pour donner un aspect 2020’s à l’identité musicale du groupe. Guitares, claviers, et cette singularité des lignes mélodiques de Spencer Krug font que Wolf Parade ne cherche pas à se réinventer, et cisèle ses compositions avec les outils qu’il maîtrise, tel un artisan attaché à ses rituels de fabrication.
Efficace : voilà le premier adjectif qui vient à l’esprit à la première écoute de Thin Mind, le nouvel effort du groupe de Montréal, revenu au format trio après le départ de Dante DeCaro qui fut l’un de ses hommes à tout faire depuis 2005. Peut être que la formation réduite contraint à davantage d’efficacité. On passe en effet d’un riff accrocheur à l’autre, de Julia Take Your Man Home à Out Of Control. En dépit de ce départ, l’identité sonore et sonique de Wolf Parade reste inchangée. On frôle souvent les titres taillés pour les stades (la voix de Krug semble faite pour les grands espaces, on le sait depuis Stadium And Shrines de Sunset Rubdown, l’un de ses multiples side projects) tout en restant à la frontière des hymnes pop, l’univers du trio étant résolument trop sauvage et hanté pour être programmé en boucle sur les radios mainstream.
En dépit de ces nombreuses qualités, le souvenir des sommets du chef d’oeuvre Apology To The Queen Mary (2005) continue à faire de l’ombre à notre jugement. C’était déjà le cas sur Cry, Cry, Cry il y a trois ans. L’écoute est parfois altérée par la comparaison. On souhaiterait peut-être que cet album soit un premier disque, pour l’écouter à sa juste valeur et se laisser pleinement charmer par un titre comme As Kind As You Can, assez irréprochable en terme de construction, de façonnage, de progression. Reste qu’on minimise les efforts du trio, trop lové dans son petit confort. De là à dire que le pire ennemi de Wolf Parade réside dans les chefs d’oeuvres pop qu’il a composé au début de sa carrière, il n’y a qu’un pas que l’on ne se résout finalement pas à franchir, rattrapés que nous sommes par la puissance des compositions, les doubles voix d’un Spencer Krug probablement moins habité qu’il y a quinze ans, mais toujours fortement inspiré.
A ECOUTER EN PRIORITE
Out Of Control, Julia Take Your Man Home
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