Witch Fever – ‘Congregation’

Album / Music For Nations / 21.10.2022
Doom punk

Volker Türk, chef des droits de l’Homme à l’ONU, vient d’exprimer son inquiétude à propos du recul des droits des femmes dans le monde (sans déc…). Peut être sera t-il entendu. En attendant, pour être écoutées, les femmes – elles – font du bruit. Et les Witch Fever en font beaucoup.

Issu de la pépinière de Manchester, Witch Fever s’érige en groupe étendard pour dénoncer les comportements abjectes qu’on rencontre ici ou là dans le monde merveilleux du patriarcat. Quelque part entre le heavy ésotérique des suédoises de Maidavale, le grunge de Nirvana période Bleach, et le punk engagé des Pussy Riot, Amy, Alex, Alisha et Annabelle mènent un assaut enragé contre tout ce qu’elles considèrent comme une oppression.

Avec Blessed Be Thy, le morceau d’intro, Amy – qui a grandi au sein d’une église charismatique envahissante – relâche férocement toute la rage qu’elle a accumulée pendant des années envers un système plutôt dégueulasse. Palme de la malaisance pour I Saw You Dancing et 12 qui ne laissent pas trop de doutes quant à ce qui peut se passer sous les soutanes pendant les excursions organisées par l’Eglise.

Full Rage Mode, c’est ainsi qu’elles décrivent ce premier album, et on n’ira certainement pas les contredire. Les saturations et distorsions en tous genres élèvent des murs où viennent s’écraser toutes les frustrations et la colère qui les ont poussées à prendre les instruments comme des armes. Cela dit, même si Amy avoue volontiers que tous ses textes découlent de ses pensées et positions féministes, il n’en reste pas moins qu’elles font de la musique avant tout pour s’éclater, parce qu’elles aiment ça. Nul besoin donc de se reconnaître dans ces revendications pour apprécier le son des Witch Fever. C’est viscéral, brutal et même quand elles se donnent plus d’espace et d’air lors de morceaux plus lents (Bloom, Slow Burn), ces héritières de Salem savent garder une atmosphère tendue et menaçante, à la manière de Warpaint.

Après un EP remarqué (Reincarnate), une tournée en support d’Idles et une signature chez Music For Nations (Tool), Congregation, sorti juste avant Halloween, consolide leur présence plus que pertinente et méritée sur la scène noise actuelle. De quoi rêver d’une tournée en headline avec des mosh pit réservés aux meufs ! Un deuxième opus est déjà en préparation, et se voudra encore plus extrême. Ca promet !