Wiley – « Evolve Or Be Extinct »

Wiley – « Evolve Or Be Extinct »

wi180Album
(Big Dada)
19/01/2012
Grime

Wiley n’a pas perdu de temps. Au point qu’on puisse se demander s’il n’a pas eu le culot de sortir là les restes de « 100% Publishing« , autrement dit un recueil de faces B qui se laissera aspirer par sa propre hype, et se vendra comme des petits pains auprès de ceux qui ont apprécié cet excitant précédent album. En étant moins mauvaise langue, on peut aussi se demander si le prince du grime n’est pas tout simplement un hyperactif qui n’a pas sa langue dans sa poche, une vraie pipelette aux doigts de fée pour qui le simple fait d’appeler un taxi peut rapidement devenir un sujet de chanson. Principal souci: à peine avons-nous eu le temps de digérer et de ré-écouter « Numbers in Action » ou « One Hit Wonder » que notre facteur poste treize nouveaux titres dans notre boîte aux lettres déjà pleine de nouveautés.

Globalement bien en deçà de son prédécesseur, « Evolve Or Be Extinct » est également différent, plus brut, comme sculpté dans la masse avec un marteau et un burin. Il est néanmoins rassurant d’y entendre Wiley continuer de travailler son flow, aussi rapide et combattant que passe-partout, comme en atteste « Welcome To Zion », reggae digital au refrain et au thème un peu faciles. Au delà, le rappeur va droit à l’essentiel et prend autant de tunnels sombres que de chemins humoristiques, s’appropriant le dubstep à sa sauce (« Evolve or be Extinct »), explorant la palette des sons typiquement anglais à travers des instrus sales et minimales (« Link Up », « Skanking »). Tout en se promenant souvent sur une mélodie grasse aux tâches indélébiles (« Scar »), sa voix reste constamment au centre d’un opus aux prods généralement squelettiques (« Can I Have a Taxi Please? »), sans oublier l’instant glamour (« Miss You », sorte de « Pink Lady » du précédent album en version minimaliste) ou même le one man show du burlesque « Customs » mettant en scène une mésaventure devant le service de l’immigration.

Comme il l’annonce sur le morceau final: « This is Just an Album« . On a ainsi l’impression que Wiley a pondu à la va-vite (tout est relatif étant donné son talent), dans sa chambre, quelque chose de tantôt créatif et cérébral, tantôt ennuyeux. Le Britannique pond ses propres beats sans demander l’avis de personne (mis à part deux morceaux produits par Mark Pritchard), revendique la liberté offerte par Big Dada, et se dispense d’un quelconque jury pour offrir ce qu’il veut à son public. Et même si le tatoué n’est pas une machine à hits radiophoniques, on ne lui enlèvera pas le tubesque « Boom Blast », où rap et house s’auto-alimentent à la manière d’un Dizzee Rascal, nous forçant alors à nous incliner devant cette efficacité déconcertante…

itunes24


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