
04 Nov 23 Wild Nothing – ‘Hold’
Album / Captured Tracks / 27.10.2023
Indie pop
Une pandémie et une paternité après, Jack Tatum revient avec Hold, cinquième du nom de son projet musical Wild Nothing. Pour l’artiste, cette longue pause semi-forcée a été l’occasion de peaufiner son identité dans le style clinquant qu’il produit depuis quasiment dix années, se distinguant de ses débuts plus vaporeux. En 2013, l’EP Empty Estate faisait le pont entre le bijou dream pop à guitare Nocturne et son successeur Life of Pause (2016). Formalisant une timide incursion dans le registre du retour vers les eighties, ce troisième album voyait une écriture moins mélancolique s’imposer, accompagnée de quelques touches encore discrètes de piano et saxophone cheesy à souhait et de guitares chargées en chorus. Suivant cette trace qu’a largement entérinée Indigo cinq ans auparavant, Hold n’est pourtant pas une simple redite des travaux précédents de Tatum. L’Américain se montre ici plus sûr de lui dans ses choix artistiques qu’auparavant, une position qui mérite d’être saluée mais qu’on ne peut s’empêcher de trouver trop peu convaincante.
Hold est le premier album depuis Gemini que le frontman produit lui-même, épaulé à quelques reprises par de proches collaborateurs comme le génial Jorge Elbrecht et Harriette Pilbeam, voix de Hatchie, sur Headlights On, ou encore Molly Burch et sa femme sur plusieurs parties vocales. Geoff Swan, contributeur entre autres de la pop synthétique de Caroline Polachek, a réalisé le mixage de l’album, ce qui pourrait bien expliquer l’importance accordée à la voix comme jamais dans l’histoire de Wild Nothing, pour le meilleur, avec la performance convaincante qu’on entend dans Basement El Dorado, ou pour le pire, avec l’agaçant autotune de Dial Tone. Indéniablement, Jack Tatum est un compositeur talentueux, et les arrangements astucieux ne manquent pas. The Bodybuilder évoque une version enjouée de n’importe quel titre de The Blue Nile, tandis qu’Alex détonne en se réappropriant habilement les débuts de la mouvance shoegaze des années 1980 avec une batterie particulièrement mise en avant et des breaks à la guitare acoustique. Pour autant, à l’image du rétro facile pleinement assumé de Suburban Solutions, Hold se veut et réussit à être solaire et entraînant, mais de trop nombreux petits moments de creux et de déjà-entendu freinent l’embarquement immédiat en compagnie de Wild Nothing. On voudrait aimer cette facette lumineuse du groupe, parfaitement logique dans la discographie et que Tatum maîtrise à la fois en tant que producteur et musicien, mais il faut reconnaître qu’entre nos oreilles, la nostalgie bornée pour la spontanéité des premiers efforts fait de la résistance. C’est parfois aussi simple que ça. Letting Go, comme disait l’autre.
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