Widowspeak – ‘The Jacket’

Widowspeak – ‘The Jacket’

Album / Captured Tracks / 11.03.2022
Dream pop

Le sixième album de  Widowspeak s’ouvre sur des nappes de flûtes synthétiques auxquelles une belle dose de delay est appliquée, nous faisant instantanément pénétrer dans les atmosphères oniriques et rêveuses propres au duo New-Yorkais. Présenté comme un album concept, The Jacket relate les tensions amoureuses et déboires sentimentaux d’une costumière pour groupe traditionnels country, qui rejoint l’une des formations pour lesquelles elle travaille et s’éprend d’un des musiciens. Il s’agit plus d’une point de départ que d’une véritable trame narrative telle que l’on peut en retrouver chez Andy Shauf par exemple. Difficile en effet, sans en être informé au préalable, de la retracer à la lecture du livret, la formation appliquant à ses textes comme à sa musique cette touche dreamy et vaporeuse dissimulant quelque peu cette histoire aux ancrages flottants et poétiques.

Une des forces de Widowspeak tient dans la beauté des guitares. Rien d’étonnant donc à ce que le groupe se définisse comme un duo de guitaristes accompagnés d’une section rythmique additionnelle. Difficile de le contredire tant tous deux parviennent à donner à leurs mélodies aux arpèges entêtants une touche planante (le double riff de Everything Is Simple), tant par de léger bends sur le manche de leurs instruments que par la voix de Molly comme sortie des limbes du sommeil, entre désoeuvrement et chuchotement, mais chargée d’une douceur réconfortante en guise de fil conducteur. Une douceur qui s’est d’ailleurs accrue au fil du temps en mettant à distance le caractère plus sombre des débuts, et notamment du premier album éponyme sorti il y a déjà onze ans.

La fameuse trame narrative de The Jacket se retrouve musicalement grâce à une influence sixties – plus particulièrement Velvet Underground (Forget It dont le riff a quelque chose d’un Sweet Jane à peine déguisé) – qui plane tout au long de l’écoute. L’apport de l’orgue Hammond va également en ce sens, évoquant tant le rock 60s que des références plus récentes, comme sur Sleeper où il est difficile de ne pas penser au farfisa d’Electrelane. Ces clins d’oeil à un passé musical viennent donner à The Jacket un ancrage qui peut faire souvent défaut en dream pop, et qui évite l’écueil – par accumulations de couches ouatées – de laisser l’auditeur à distance, submergé par la reverb. Ici, les caractéristiques classiques de ces registres musicaux sont plus parcimonieux que sur l’album précédent, insistant sur la voix éthérée de Molly. Si tous les morceaux ne sont pas à la hauteur des vibrants Everything Is Simple, Unwind, ou Sleeper dont la force mélodique a des gouts de reviens-y, ce sixième album n’est pas sans ouvrir de nouvelles perspectives très enthousiasmantes.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
While You Wait, Everything Is Simple, Unwind, Sleeper

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