26 Sep 17 White Wine – ‘Killer Brilliance’
Album / Altin Village & Mine / 29.09.2017
Indie rock mutant
Déjà poinçonné d’une approche musicale très personnelle, Joe Haege – ex 31 Knots, The Dodos, Menomena – se bonifie à chaque album en s’affirmant comme un artiste à part. Au sein de White Wine, il devient – avec ses deux compères – une machine à concepts où électro, pop et orchestrations bizarroïdes se côtoient dans une humeur globale aussi étrange qu’énigmatique. Fort d’un ‘Who Cares What The Laser Says ?‘, précédent disque tutoyant la perfection, le trio revient les bras chargés de nouvelles compositions prêtes à démolir toutes les conventions musicales, généreusement offertes dans un double album baptisé ‘Killer Brilliance’.
Pilier d’un édifice solide du haut duquel il provoque sans cesse le déséquilibre, Haege s’amuse de sa voix splendide, dans des fluctuations mélodiques imparables et toujours bien écrites. L’orchestration peut alors se promener en totale liberté dans une multiplicité de propositions parfois minimales (‘Abundance’, ‘7 Letters’, ‘Bird Hand’), ou brillamment ornées d’arrangements tordus de cuivres, de xylophone ou de guitares trafiquées (‘Hurry Home’, ‘Killer Brilliance’, ‘I’d Run’, ‘Art Of Not Knowing’). Mais c’est sans compter sur un savant dosage de samples et de tournures électro, coincées entre sonorités vintage et perceptions essayistes (‘Vignette Corrina’, ‘Falling From The Same Place’, ‘Vignette Friederike’, ‘Vignette Katya’) qui apportent à leur tour une dose supplémentaire d’originalité et de tempérament.
Loin du pathos et de l’effet coloriage, le groupe fait émerger des ambiances instables, parfois même inconfortables, qui demandent souvent une attention plus particulière pour percevoir et mesurer la dose de génie injectée entre chaque ligne. Car c’est bien dans sa complexité et sa profondeur de champ que ‘Killer Brilliance’ déploie tout son gigantisme. Une splendeur que Joe Haege et sa bande s’amusent à ébranler avec talent, loin des sentiers battus et de la facilité, avec une méthodologie questionnant sans cesse le fond sur la forme. A l’endroit de l’intelligence, la musique prend alors une autre envergure, surtout lorsqu’elle s’invite là où on ne l’attend pas. White Wine l’a bien compris en s’installant dans l’admirable, jusqu’à en devenir aussi inimitable qu’inclassable.
A ECOUTER EN PRIORITE
‘Killer Brillance’, ‘Abundance’, ‘7 Letters’, ‘Bird Hand’
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