White Stripes – « Icky Thump »

White Stripes – « Icky Thump »

Icky Thump[Album]
18/06/2007
(XL Recordings/Naive)

Les décus de « Get Behind Me Satan » seront très certainement ravis de réentendre leur duo favori reprendre la voix de ses débuts. « Icky Thump », enregistré à Nashville durant trois semaines, semble en effet fermement décidé à refaire saigner quelques tympans, lacérer quelques bouts de doigt, et martyriser sans retenue les quelques fûts de la belle Meg. On croirait presque revenir au premier album du duo, lequel serait enrichi de quelques expérimentations surprenantes allant de quelques clins d’oeil hard rock à l’utilisation de cornemuse ou de trompette. Le tout avec assez de goût pour ne pas tourner à l’écoeurement. C’est donc avec un grand sourire niais qu’on se laisse volontiers broyer par ses déluges de riffs

« Icky Thump », qui s’attarde sur le problème de l’immigration des latinos aux Etats Unis, lance donc les hostilités, laisse réapparaître les fantômes de Black Sabbath mais surtout de Led Zeppelin, et balance quelques riffs de cornemuse (si, si!) parvenant à se faire subtilement une place au sein d’une telle première déflagration. Et elle ne sera pas la seule, l’énergie étant revenue au premier plan (« 300 M.P.H. Torrential Outpour Blues », « Little Cream Soda »), avec quelques jolis tubes sous le bras. C’est le cas des « You Don’t Know What Love Is » et « Rag & Bone » avec leurs riffs entêtants, du « Bone Broke » que n’aurait pas renié Hendrix, de la « ballade » « A Martyr For My Love For You », mais surtout de cet atypique et sublimissime « Conquest », lancé par quelques cuivres mariachis, alternant breaks sans concession et d’autres directement hérités du tango. En quelques morceaux, The White Stripes placent donc la barre tellement haute que leurs quelques expérimentations s’en retrouvent ternies. C’est le cas de « Prickly Thorn, But Sweetly Worn » et « St.Andrew (This Battle Is In The Air) », tous deux aux couleurs écossaises limite barbantes, surtout sur le second

« Icky Thump » opère donc un passage en force avec toute la personnalité qui a fait la réussite des White Stripes. En treize titres, Jack et Meg prouvent que l’essoufflement est passé et qu’ils ont emmagasiné assez d’oxygène pour se lancer corps et âme dans une enfilade de brûlots dévoués à un rock n’roll toujours affublé de couleurs blues, punk et americana. Il se dit, ici ou là, que ce nouvel album pourrait bien être le dernier. Si tel était le cas, on pourrait alors sans gêne crier haut et fort que le duo aura bouclé la boucle en beauté, en sortant là un des opus les plus réussis de sa discographie

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