Wet Leg – ‘Wet Leg’

Wet Leg – ‘Wet Leg’

Album / Domino / 08.04.2022
Indie post punk

Il est indéniable que Wet Leg, formé par les musiciennes de l’île de Wight Rhian Teasdale et Hester Chambers, a fait l’objet d’un buzz démesuré après la sortie de son premier single Chaise Longue. L’ascension rapide de ces deux jeunes femmes semble même avoir agacé un certain type de conspirateurs misogynes n’appréciant pas qu’elles soient présentées comme les sauveurs de la musique indie à guitare. Catalogué par ceux-là de produit de l’industrie, le duo a subi le genre d’examen minutieux auquel ses homologues masculins ont rarement droit. Mais les deux anglaises, qui n’en sont pas à leur premier rodéo, en sont parfaitement conscientes. ‘A l’origine, Wet Leg était censé exister pour le fun‘, dit Teasdale. ‘En tant que femme, on vous impose tellement de choses, dans le sens où vous ne valez que si vous êtes jolie ou cool.

Heureusement, toute cette déferlante n’aura eu aucune répercussion sur ce très attendu premier album enregistré bien avant elle, en avril 2021 sous la houlette de Dan Carey (Squid, Fontaine DC ou Black Midi). Au contraire tant ce disque transpire l’amusement ludique, la pop décalée, et aligne des paroles aussi hilarantes que caustiques. Frénétiques, musicalement astucieuses et variées, ces douze chansons vivent au rythme de changements stylistiques surprenants, dans les tons comme dans leurs textures. Il n’est donc pas difficile de comprendre ce qui attire le public vers Wet Leg tant les deux demoiselles maîtrisent leur formule sur le bout des doigts : des mélodies indie accrocheuses et sardoniques qui s’imprègnent d’influences allant des Ronettes aux B-52s, de Pavement à Franz Ferdinand, des Breeders aux Strokes, tout en sonnant relativement proche de la vague post punk actuelle. A cela, Rhian et Hester ajoutent leur grain de sel en combinant humour, éclairs de vulnérabilité, avec une touche de surréalisme qui leur est propre.

Le disque s’ouvre sur Being In Love, une chanson pop glorieusement bancale avec des relents de l’art-pop décalée de Roxy Music, avant que Chaise Longue mêle un ennui ironique à une poussée de guitare euphorique, le tout saupoudré de fioritures de synthétiseur façon Theremin que l’on retrouve d’ailleurs tout au long de l’album. Plus loin, Loving You et Piece of Shit juxtaposent une beauté mélodique magnifique à des hymnes de post rupture amoureuse qui ne tournent pas autour du pot. Mais c’est lorsqu’il est au top de l’irrévérence que Wet Leg excelle : sur Wet Dream, morceau pop ridiculement accrocheur et ode tranchante à l’onanisme d’un ex ; sur UR Mum qui poursuit dans la même veine cinglante tandis que Supermarket met en lumière les plaisirs insolites que l’on peut trouver chez son épicier du coin…

Néanmoins, il est encore difficile de discerner les ambitions exactes de Wet Leg. Si ses chansons sont assurément énergiques, elles manquent parfois d’urgence, à l’image de Convincing qui souffre de sa structure alternant les tempi au lieu de construire un momentum séquencé. Reste que ce premier album livre des chansons néo-new wave intelligentes et fringantes, incarnées par deux demoiselles de leur époque, animées par les défis d’être une femme de la classe moyenne à la fin de la vingtaine. Et n’en déplaise aux puristes, elles prouvent surtout leur bon goût et leur talent à le déployer.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Being in Love, Chaise Longue, Wet Dream, Ur Mum

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