Weezer – ‘Van Weezer’

Album / Atlantic / 07.05.2021
Heavy power pop

C’est un miracle. Sept ans après avoir publié un dernier album digne de ce nom, et au bout d’une période de disette durant laquelle il aura sorti cinq opus très vite oubliés, Weezer se décide enfin à revenir à une recette qui fonctionne et qu’il maitrise sur le bout des doigts. Cette rédemption inespérée, Rivers Cuomo l’a trouvée sur le chemin du hard rock et du heavy métal, deux genres souvent considérés comme un peu has been, mais solides dès lors qu’on s’en sert de base de travail. D’ailleurs, si elles n’étaient pas si flagrantes il y a trente ans, il ne faut aucun doute qu’elles auront contribué – même de loin – à la réussite d’un premier album qui a longtemps fait voir le monde en bleu à toute une génération d’adolescents devenus adultes biberonnés à la nostalgie.

L’ombre de Black Sabbath, Van Halen, Kiss ou Metallica plane donc sur la moindre des notes de ce Van Weezer, et chasse les méchantes sonorités pop et electropop dont les précédents albums étaient souillés. L’idée est venue de la scène, le frontman avouant être chaque fois surpris par la réaction du public dès lors que le groupe joue son tube Beverly Hills, agrémenté d’un solo qui n’existe pas sur disque. Revenu aux ‘big guitars’ pour reprendre les mots de l’intéressé, Weezer signe ici dix nouveaux titres tombés volontairement dans les poncifs des années 80. The End of the Game rend ainsi un hommage appuyé à Eddie Van Halen, quand Blue Dream fait soudainement apparaitre Ozzy Osbourne, et que 1 More Hit vient chatouiller le menton de ce bon vieux James Hetfield.

Pour autant, et bien que bourré de clichés, ce quinzième album – habillé d’une production idéale pour le faire briller – n’est pas loin d’aligner parmi les tubes power pop les plus mémorables expédiés par les californiens. Plus purement inscrits dans l’ADN Weezer, Hero, I Need Some of That, Beginning of the End, comme la grosse cylindrée Sheila Can Do It – composée à l’époque du Blue Album – contribuent à faire de ce nouvel album une salve immédiate et accrocheuse, rêvée depuis un bail par beaucoup de fans de longue date qui, ce Van Weezer à l’appui, pourraient bien voir ces dernières années comme un gros foutage de gueule. Désormais excusé, pas sur que ce bon vieux Rivers puisse compter sur une seconde chance.