We Only Said – ‘Boring Pools’

We Only Said – ‘Boring Pools’

Album / Les Disques Normal / 29.12.2014
Indie rock classieux

A mi-chemin entre un post-rock aérien et un indie-rock fleurant bon l’époque où June Of 44 se livrait limpide et sinueux, les rennais complémentaires et expérimentés de We Only Said (on en croise certains chez Trunks, Fat Supper…) jouent eux-aussi la carte de la finesse pour mettre à plat un ‘Boring Pools’ rigoureux qui prend les chemins d’une promenade aux paysages délicats. Dans une même veine contagieuse, les neuf compositions de ce deuxième album se déclinent avec intelligence, entre fragilité et vitalité retenue, et nous tiennent par la gorge sans jamais desserrer la pression. Chaque instrument trouve sa place avec clarté, justesse et précision: la basse et trois guitares se déploient dans le respect d’une partie rythmique complexe et consistante, se rendent discrètes ou se tordent dans des mélodies aussi épurées que classieuses, tandis que les voix – frêles et brillamment conduites – s’accordent dans des lignes quasi-hypnotiques. Dans cette alchimie du sensible, le quintet délivre avec tact et équilibre toute la force émotionnelle de son entité, parvient à nous rendre fiévreux, planant ou encore introspectif. ‘Dry As Dust’ et ‘A Fearful And Violent Hurry’ nous cueillent d’entrée dans des approches pouvant paraître sobres mais pourtant pleines d’évènements majeurs. Ces bases ainsi posées, il ne reste plus qu’à se laisser guider dans un monde incertain, empreint de beauté. Plus élevés, ‘Mitch’ et sa guitare rythmique plus sèche sur son deuxième mouvement, ou ‘Everything Turns Cold’ et ses harmoniques éthérées dans un refrain magistral à l’empreinte indélébile, complètent avec habileté les magnifiques ‘(Along All) Boring Pools’ au final poignant et majestueux, ‘My Distance With You’, ou encore le plus nerveux ‘Get Out Freakie’ aux essences plus fortes. Enregistré par Eric Orthuon (Laetitia Sheriff) et masterisé par Bob Weston (Shellac) qui ont su en prendre soin, We Only Said nous promène tout au long d’un deuxième opus consistant, intelligent, baigné d’une énorme dose de pureté maitrisée. Mélancolique sans devenir mièvre, élevé sans surenchère, ‘Boring Pools’ prend les reliefs d’un voyage immobile qui remue les tripes à chaque instant. En ce début d’année, les rennais signent et soignent un disque magnifique et brillant que l’on peut déjà qualifier de magistral tant il est délicieux d’y plonger.

‘Dry As Dust’, ‘Mitch’, ‘(All Along) Boring Pools’, ‘Get Out Freakie’


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