Waxahatchee – ‘Tigers Blood’

Waxahatchee – ‘Tigers Blood’

Album / Anti / 22.03.2024
Americana

Les premières impressions au sujet de Tigers Blood, sixième album de Waxahatchee, remontent quelques mois en amont de sa sortie, alors qu’on découvrait Right Back To It, premier extrait interprété aux côtés de MJ Linderman. En parfaite harmonie, le duo nous offrait alors un détonateur émotionnel à filer la chair de poule, sur un mélange de timbres mixtes comme on en n’avait plus entendu depuis les derniers témoignages de Low. Puis, peu de temps après, Bored, deuxième aperçu trop profondément ancré dans l’americana, douchait quelque peu l’enthousiasme de ce côté-ci de l’Atlantique. Des montagnes russes émotionnelles donc, provoquées par des stratégies commerciales nécessaires pour occuper un espace saturé de nouveautés, et qui viennent à nous faire oublier qu’un album – avec ses trajectoires, ses reliefs, ses aspérités – est avant tout conçu pour être accueilli dans son ensemble.

Il aura donc fallu attendre d’écouter intégralement Tigers Blood pour se remémorer deux faits. Le premier, déjà acté par son prédécesseur : la Waxahatchee d’antan a bien changé, et l’immédiateté émotionnelle éprouvée à l’écoute de ses premiers albums a fait place a des mélodies et des sonorités faites de strates et de sous-couches, parfaitement arrangées et mixées, aux antipodes du lo-fi intégral et immédiat des débuts, alors si captivant. Le second, que les récents disques de Katie Crutchfield sont indéniablement des growers que l’on apprécie davantage à chaque écoute, ce qui fut également le cas de Saint Cloud. En 2020, d’abord déçus de ne pas retrouver les écorchures passées, l’album avait fini par nous embarquer pour de bon, au point d’aller y chercher des kicks quotidiens d’endorphines dans un monde confiné.

En d’autres termes, apprécier Waxahatchee à sa juste valeur demande du temps qu’il est nécéssaire de lui accorder. Pour preuve, après s’être penché dessus à plusieurs reprises, ce cru 2024 – produit par Brad Cook (Kevin Morby, Snail Mail, Bon Over, Sharon Van Etten…) – gagne sa place sur l’étagère des albums signés par les songwriters les plus doués de leur génération. Dans la continuité parfaite du plus aérien et idéaliste Saint-Cloud, ce Tigers Blood à la fois terrestre et sanguin semble refermer un dyptique logique. Un pied dans le Kansas où elle réside et l’autre au Texas où elle a enregistré, Katie donne ici envie d’arpenter de grands espaces en cabriolet, et tous les clichés qui vont de pair : un air de carte postale qui pourrait nous détourner de l’album, mais qui s’avère vite suffisamment authentique pour qu’on remette sans cesse une pièce dans le juke-box.

Tous les titres n’ont néanmoins pas le même goût de reviens-y. Autre point commun avec Saint Cloud, c’est essentiellement en bout de course que Waxahatchee nous accroche, comme si la native d’Alabama s’était faite spécialiste en conclusions. Fin de ses addictions, fin de relation, deuils… C’est d’ailleurs sur le titre de clôture éponyme qu’elle garde le meilleur. C’est addictif, beau à se damner, et ça rend évidente la participation de MJ Linderman, encore à l’oeuvre ici alors qu’il était initialement prévu en tant que choriste. Appelons cela des affinités électives. De là à rêver, pour de bon cette fois, d’une collaboration plus officielle à l’avenir ? Les grands espaces offrent toutes les possibilités, après tout.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Right Back To It, 365, The Wolves, Tigers Blood

EN CONCERT

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