Wand – ‘Laughing Matter’

Wand – ‘Laughing Matter’

Album / Drag City / 19.04.2019
Garage psyché progressif

Si Wand a longtemps officié en tant qu’ambassadeur de la mouvance garage californienne éruptée peu de temps avant sa formation en 2013 (on se souvient entre autres des mastodontes Ganglion Relief et Golem), il serait trop réducteur désormais de classer le son du quintet dans cette seule catégorie tant sa métamorphose constatée depuis ses deux derniers albums (1000 Days et Plum) le démarque des principales figures du mouvement.

Avec Laughing Matter, cette transformation semble s’achever, dévoilant avec elle un nouveau visage, une nouvelle identité musicale du groupe. Enregistré sur la base d’interminables sessions d’improvisations, ce cinquième album atteint un degré de complexité inédit chez les californiens, tant dans la finesse du songwriting que dans la précision des arrangements. L’entame Scarecrow en est à elle seule le miroir, fascinante qu’elle est par ses guitares étouffées et dissonantes renforcées par les accords sombres de Sofia Arreguin, créant une atmosphère lourde et épaisse que seule l’intonation de Hanson arrive à percer, telle un rayon de lumière au milieu d’un brouillard impénétrable. De plus, si les similitudes entre le chanteur et Thom Yorke sont de plus en plus évidentes depuis Plum, les éléments évoquant Radiohead sont ici plus marqués : en attestent High Plane Drifter évoquant Faust Arp ou Weird Fishes, mais également Thin Air aux accords chatoyants, au piano somptueux, à la voix douloureusement plaintive et aux envolées magistrales.

Mais c’est sans aucun doute l’impressionnante qualité de chacun des éléments présents sur cet album, tout comme la fluidité avec laquelle ils s’enchaînent, qui permet à Laughing Matter d’asseoir sa suprématie au sein de la discographie de Wand. D’une production irréprochable elle aussi, il appartient à ces oeuvres qui se révèlent au fil des écoutes, et desquelles il est difficile d’isoler des titres phares tant le rendu final est stupéfiant. La connivence des différents protagonistes y est en effet plus que jamais perceptible, notamment sur Evening Star – autre bijou du corpus avec l’indispensable Rio Grande – où les choeurs angéliques alliés à un mouvement des plus efficaces contribuent à faire osciller le son entre moments d’harmonie suspendus et accès de guitares paroxystiques éblouissants. Airplane, balade délicieusement progressive traitant de la recherche de quiétude au milieu du néant le plus total, mérite elle aussi une attention particulière.

Enfin, si Lucky’s Sight, Wonder et Talkie Walkie nous rappellent au lointain souvenir d’un Wand autrefois digne représentant d’un garage colérique, ces trois titres – bien que toujours aussi électrisants – sont loin pourtant de ses premières productions. Mais qu’importe, car ce qui fait la force de ce Laughing Matter est sans doute cette formule, longtemps cherchée mais enfin maîtrisée, caractérisée par un équilibre parfait entre énergie brute et moments de volupté des plus aériens, à l’image des démons personnels qui accompagnent si bien son leader dans son chemin de croix musical. Le tout donnant naissance à un chef d’oeuvre dans lequel on s’abandonne à l’envi, pour mieux apprécier toute la beauté qui lui donne forme.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Scarecrow, Rio Grande, Evening Star, Airplane, High Planes Drifter


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