Vulk – ‘Vulk Ez Da’

Album / Montgri / 28.01.2022
Post punk

Les premières mesures de Vulk Ez Da ne trompent pas : il y du changement chez Vulk. Son expérience grandissante acquise de ses débuts en 2014 à son deuxième album Ground For Dogs (2018), et l’arrivée d’un nouveau batteur ont apparemment permis au groupe de rebattre les cartes de son post punk. Cette nouvelle donne amène les basques à resserrer leur jeu autour d’un chant désormais exclusivement scandé en Euskara, leur langue natale, mais surtout à trouver l’équilibre au milieu d’un foisonnement d’idées qui avait parfois tendance à l’éparpiller. Une équation enfin corrigée, qui permet aujourd’hui à la bande de Bilbao de révéler son plus beau caractère et d’ajouter à sa discographie un troisième album rempli d’audace.

C’est bien un Vulk transformé qui avance avec sang-froid dans la clarté d’une section basse-batterie ultra précise et de deux guitares complémentaires, là aussi minutieusement remodelées. D’ailleurs, l’éponyme Vulk Ez Da qui tutoie la perfection, résume à merveille cette (r)évolution. Soudé à l’esprit global du disque, il expose le groupe où chacun tient fermement son rôle, le regard braqué sur sa nouvelle impartialité d’une rage volontairement bridée, elle-même assurée par la justesse d’intention des instruments et la limpidité d’un chant concis dans ses textes engagés.

Et même lorsque le quatuor s’affiche dans des accointances – toutefois difficiles à camoufler mais à jamais excitantes – avec Fugazi, (Hamar Lagun Baten Kontra, Laguna, Etsai, Orpoan), il trouve malgré tout le moyen de disséminer d’inventifs tours de passe-passe mélodiques et bruitistes. Un dosage plutôt ingénieux que l’on retrouve également dans la gestion de toutes les trouvailles débordant de ses poches. Pour embraser ses nouvelles compositions, quoi de mieux que de les faire fourmiller dans des tournures que l’on ne sent pas venir (Amodioa Kartzelan, Gaua Eta Odola, Mailua), des ambiances tendues (Millitanzia Sutsua, Agura) ou encore des refrains fabriqués pour durer (Lanaren Kanta) ?

Avec tout ça, aussi fermement attaché à ses origines qu’à ses brillantes inspirations, Vulk peut crânement savourer sa réussite : Vulk Ez Da est d’une énergie addictive qui décuple au fil des écoutes et va, grâce à sa fraicheur et son fourmillement de détails, forcément ravir bien au-delà du pays basque espagnol. Et pourquoi pas inciter à rêver d’une relève des (grands) frères Muguruza ?