Vincent Dupas – ‘Longue Distance’

Album / Mus’Azik / 08.03.2019
Indie folk

Le parcours de Vincent Dupas en musique n’est pas loin de tourner à la schizophrénie. Planqué derrière une multitude de projets souvent convaincants (Binidu, My Name Is Nobody, feu-Fordamage…), le nantais fait un grand pas en se présentant sous son véritable nom à l’occasion d’un premier album solo ou il livre le fruit de toute son expérience, de toutes ses influences aussi. Comme si le moment était venu de faire le bilan du deuxième chapitre de sa carrière, celui de l’après Fordamage ou il n’a cessé de s’employer à montrer un pan plus intime et sensible de sa personnalité.

Appelez le l’album de la maturité si vous le souhaitez, car Longue Distance en a tout l’air. Débarrassé des fantasmes adolescents, comme de l’utopie qui va de paire, Vincent Dupas assume ici tout ce qu’il est, de sa voix mélancolique à ses compositions accidentées, en passant par d’autres si sombres qu’on peine à savoir où elles souhaitent aller (L’Hiver, De Si Haut, Amusement Park), et quelques unes étonnement lumineuses (Les Jours Meilleurs, Boxer le Vent), presque trop évidentes pour lui (le magnifique Balcony). Mais plus qu’il ne papillonne, le songwriter a surtout son mot à dire quelle que soit l’ambiance, oeuvrant ainsi involontairement – insolemment pourrait-on même dire – à la cohérente diversité d’un disque qui réussit à être pointu tout en ratissant large.

Epaulé par la batterie de son vieux compère Pierre Marolleau dont le jeu riche et malin reste reconnaissable (Les Jours Meilleurs, Distance), et par le bassiste Hugo Allard (Von Pariahs), Vincent Dupas la joue vraie, en français comme en anglais, et atteint ce rare équilibre entre exigence et accessibilité (At the Corner of the Ocean), jusque-là réservé à quelques ainés dont on sent ici planer l’influence : si Boxer le Vent peut rappeler Dominique A, Mon Pays – interprété avec Nona Marie de Dark Dark Dark – renvoie aux rondeurs du June Of 44 époque Four Great Points. Peut-être rien – si ce n’est un détail – pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup : confortablement assis sur son passé, le nom de Vincent Dupas tient parfaitement la route, a bel et bien tout son avenir devant lui.