22 Nov 23 Vince Clarke – ‘Songs of Silence’
Album / Mute / 17.11.2023
Electro ambient
Ne le cachons pas : la contribution de Vince Clarke à la pop synthétique, à la fois discrète mais ininterrompue, n’a pas toujours donné lieu à des chefs d’œuvres inoubliables, loin de là. Passé le premier album de Depeche Mode, déjà pas le plus brillant qui soit, la formation Erasure et sa discographie conséquentes (18 albums tout de même) offrait au monde une collection de tubes au mieux dispensables, au pire totalement indigents. Alors pourquoi parler aujourd’hui du premier album solo du fondateur de Yazoo ? Tout simplement parce que, presque contre toute attente, nous sommes là face à un très beau disque.
Loin d’être dépassé par les modes et les années, le britannique de 63 ans nous convie à un voyage en territoires synthétiques plutôt apaisé, conscient de son caractère parfois daté mais amoureux, tout simplement, des sons qui proviennent des machines et des modulations infimes. Dès l’ouverture qu’on jurerait produite par Brian Eno (Cathedral), le climat serein et la profondeur du son imposent des couleurs et des trames qui imprègnent nos esprits et notre imagination. Réalisé principalement avec l’Eurorack, un synthétiseur modulaire de chez Doepfer, Vince Clarke peint, à la façon d’un plasticien, des paysages plus ou moins fantasmés au charme suranné. Composé pendant une période où celui-ci a vu plusieurs membres de son entourage touché par la mort ou la maladie, Songs of Silence est le témoignage d’un artiste désormais davantage préoccupé par la quiétude et la spiritualité que par les pistes de danse. Conviant discrètement ici ou là un violoncelle (The Lamentations of Jeremiah), une voix (Passage) ou une guitare (Imminent), il erre vers des influences ambient et instrumentales aux limites du drone, puisque chaque morceau est bâti sur une seule et même tonalité. Rappelant parfois les mondes de Tangerine Dream ou de Dead Can Dance, à la fois reflet de son propre passé (White Rabbit) mais aussi de celui de ses ancêtres (Blackleg et son hommage aux travailleurs du chant traditionnel Blackleg Miner), il adresse aux auditeurs un message de paix pour l’avenir, entre espoir et résilience.
Faussement minimaliste, véritablement sensible et accessible, ces paisibles pièces construites comme un rempart en forme de prolongation du silence sont, de très loin, ce que Vince Clarke a sûrement fait de mieux dans sa carrière jusqu’ici. Une belle surprise de fin d’année, dont on peut espérer que ce ne soit qu’un début.
A ECOUTER EN PRIORITE
Cathedral, White Rabbit, The Lamentations of Jeremiah, Blackleg
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