Vanishing Twin – ‘Ooki Gekkou’

Album / Fire / 22.10.2021
Expérimental

Vanishing Twin poursuit l’exploration d’un cosmo-jazz expérimental tout au long de son troisième album, le très inspirant Ooki Gekkou. Le désormais quatuor, même si le flûtiste Elliott Arndt est encore crédité sur quelques titres, marque d’une empreinte rétro-futuriste, voire concrète, un son toujours marqué par ce groove fantomatique à la métrique imparable.

On pourrait s’épuiser à chercher les influences, de continents, d’artistes ou de styles, dans la musique des londoniens. De l’ouverture ambiant-jazz Ooki Gekkou à l’afro-funk Phase One Million, du très spatial Zuum à oriental et concret The Organism, on finit par lâcher prise, persuadé que la meilleure des choses à faire est encore de se laisser porter par l’inspiration et les improvisations des membres.

De Pierre Henry (The Organism) à Fela Kuti (The Lift), de Khruangbin (Phase One Million) à Suuns (Tub Erupt), le spectre balayé par les machines et les instruments de Vanishing Twin est infini, comme furent évidemment les mélodies ethniques et l’emphase cinématographique d’Alice Coltrane, seule artiste à laquelle le groupe se réfère finalement. Mais toutes les références non revendiquées agissent comme un clic sur un hyperlien : elles ouvrent des portes sur des galaxies qui n’ont rien à voir entre elles mais s’agrègent pourtant avec évidence au gré des fantaisies du groupe.

Pourtant composé dans la récente période de confinement, et marqué par les inquiétudes et l’étrangeté de la situation, Okki Gekkou (clair de lune, en japonais) est un album homogène aux modulations ronronnantes, dans lequel les échantillonnages de bruits en tous genres viennent pétiller autour de la voix de Cathy Lucas. Tous les grooves de la terre y convergent, caribéens, new-yorkais, africains ou indiens, et transforment l’expérience en voyage délicieusement engourdissant et confortable. Une sorte de voyage intersidéral en Orient-Express.