Vagabon – ‘Infinite Worlds’

Vagabon – ‘Infinite Worlds’

Album / Father-Daughter / 24.02.2017
Indie rock

Sans jouer les vieux routards désabusés, on a de plus en plus de mal à s’émouvoir des petits cris d’orfraie lancés par la plupart des groupes indie-rock actuels. Parce qu’entre l’esthétique Instagram rabâchée jusqu’à l’écœurement (la nostalgie et la réverbération devenu un cache-misère plus qu’un parti pris) et l’absence totale de discours sur quoique ce soit, on a assez tristement l’impression que plus aucun heureux accident ne risque d’arriver dans un genre devenu presque une norme figée.

Mais comme Car Seat Headrest l’an passé, quelques têtes bien faites sont encore là pour nous prouver le contraire. On ne va pas vous mentir : on n’avait encore jamais entendu parler de Laetitia Tamko – aka Vagabon – il y a moins d’une semaine. Mais une seule écoute de son premier effort ‘Infinite Worlds’ aura suffi à nous tordre l’oreille. Pourquoi ? Parce que derrière sa modestie et son allure DIY – la jeune femme a produit et joué tous les instruments sur le disque – l’album apparaît comme une sacrée caisse de résonance aux questions qui nous ont collectivement hantées cette dernière année.

Partie du Cameroun, son pays natal, pour rejoindre New-York à l’adolescence, la jeune femme connaît déjà un parcours qui tranche avec une scène archi-squattée par des hommes blancs de classe moyenne. En huit titres et 28 minutes, elle transforme son récit intime en réflexions plus générales à propos de la vie en communauté, de l’intégration et de la difficulté d’incarner malgré soit une menace pour les autres (‘What about them scares you so much? / My standing there threatens your standing too‘ chante-t-elle sur ‘Cleaning House’).

Avec sa voix juvénile, curieusement solide et fébrile à la fois, Laetitia Tamko a toute sorte d’idées sur les directions à prendre. Ce qui, au final, donne ces multiples colorations à ‘Infinite Worlds’ : de la gifle reçue par le rugueux ‘Minneapolis’, le magnifiquement mélodique ‘The Embers’ et sa conclusion parabolique (‘I’m just a small fish and you’ re a shark that hates everything, you’ re a shark that eats every fish‘), la piste ambient ‘Mal à l’aise’ ou les plus folks ‘Cleaning House’ et ‘Alive and a Well’. L’élasticité des atmosphères, leur forme sauvage et rugueuse, rappelle les très bons moments de Modest Mouse, sans abandonner une émotion toute personnelle. Surtout, ‘Infinite Worlds’ procure du réconfort dans un contexte d’abattement et donne l’occasion d’entendre des choses – dans le genre indie-rock – auxquelles enfin se raccrocher.

A VOIR
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

‘The Embers’, ‘Fear & Force’, ‘Minneapolis’, ‘Alive and a Well’


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