Vadim Vernay – ‘It Will Be Dark When We Get There’

Vadim Vernay – ‘It Will Be Dark When We Get There’

Album / La Mais°n / 27.04.2015
Spoken word ténébreux

Vadim Vernay n’est pas une machine. Le boss du label associatif La Mais°n est bel et bien un être humain qui croit et s’investit dans chaque projet qu’il soutient, au rythme de moins d’un disque par an, y compris les siens. La gestation de son troisième album aura donc pris huit ans. C’est long, mais c’était le temps nécessaire à l’amiénois pour changer totalement son fusil d’épaule en passant de l’abstract hip-hop décousu et authentique à une poésie downtempo sombre et alambiquée. Là où le brillant ‘Myosotis‘ sublimait les patchworks de samples, et inscrivait parfaitement son tempérament parmi ses contemporains, ‘It Will Be Dark When We Get There’ est un disque qui fleure bon l’isolement auditif et l’absence d’influences extérieures. Pour relancer son nom et financer son disque, Vadim a opté pour le crowfunding: une opération qui s’est terminée sur un succès tout en lui permettant d’assurer une efficace auto-promo. Actif sur la toile et proche de ses contributeurs, il dévoilait ainsi les notes et secrets de production qui ont façonné cet album au jour le jour.

C’est donc un projet extrêmement personnel que ce perfectionniste de nature dévoile aujourd’hui, perché quelque part entre la pop barrée de Gonjasufi et le trip-hop à l’ancienne de Portishead. On découvre pour la première fois sa voix, d’une douceur singulière, comme sur ‘Bring Me Chaos’ où ses chuchotements viennent en paix au milieu d’arrangements jazzy, riches et complexes, presque agressifs. Cette prestance vocale vient ainsi souvent contrebalancer une ambiance globalement dark, et semble avoir été posée ici et là pour combattre le chaos, à l’image de la berceuse ‘Song for Light’ ou du mystérieux ‘Murder in the Land of Beauty’. Si la multiplication des détails sonores et le travail sur les rythmes peuvent parfois s’avérer excessifs sur certains morceaux difficilement lisibles (‘Darkhorse’, le spoken-word belliqueux de ‘Punk’s Not Dead/Success’), Vadim Vernay a le mérite de proposer une musique hors du temps, que l’on sera probablement incapable de dater au carbone 14 dans un siècle. Ainsi, derrière des textures glauques et parfois tristes (‘Disease’), le nouveau songwriter offre des moments de clarté (la douceur instrumentale de ‘Fadeaway’, le folk de ‘See From Now’) qui semblent néanmoins cacher quelque chose de malsain. Sur scène, c’est un trio qui défendra cet ovni, avec probablement opium et whisky à la carte.

‘See From Now’, ‘Bring Me Chaos’, ‘Song for Light’


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