05 Avr 24 USA Nails – ‘Feel Worse’
Album / One Little Independent / 22.03.2024
Punk noise
Quatre années sont passées depuis la sortie de Character Stop, soit une éternité pour un groupe qui nous avait habitués à un nouvel album au minimum tous les deux ans… USA Nails fait donc son retour avec ce Feel Worse et, comme à son habitude, annonce la couleur dès la première seconde de l’entame Cathartic Entertainment : alors que son punk noise prend d’entrée à la gorge – et aux tripes – on a déjà cette intime conviction que celui-ci ne lâchera (sèchement) sa proie qu’en toute fin de parcours, soit après un peu plus de vingt-cinq minutes, montre en main.
Le temps, néanmoins, d’avoir largement eu son compte car, comme à leur habitude, les londoniens ne sont pas revenus pour faire de la figuration et envoient sans sourciller riffs de guitare explosifs, matraquages de la doublette basse-batterie, et déflagrations sonores aux contours pour le moins acides. Autant dire que tout amateur des douces mélopées de Gilla Band, Metz ou A Place Bury Strangers boira ici du petit lait, mais que les autres, une fois la crise d’eczéma passée, changeront rapidement de trottoir.
Pourtant, face à ces probables déserteurs, on n’a qu’une seule envie : les convaincre de rester encore un peu, histoire de se laisser retourner par ces brûlots noise rock, furieux mais groovy, rappelant It It Anita (Feel Worse, The Sun In the Sands, Pack of Dogs), mais aussi par la mélodie post-punk lanscinante et malaisante de On Computer Screen, assez proche de celles distillées par leurs concitoyens d’Italia 90.
Mais l’écoute des digressions noise-indus expérimentales de Networking Opportunity et Holiday Sea nous fait dire que la bande de Gareth Thomas (chant) ne fait de toute façon que peu de cas de l’accueil de son nouvel opus. Fidèles à leur motivations et convictions originelles, les Anglais ne souhaitent qu’une chose avec Feel Worse : manifester avec leurs mots et leur bruit toute leur incompréhension – voire leur colère – vis-à-vis de la société de consommation (celle de la télé-réalité), de l’autoritarisme britannique, ou encore de la tendance au harcèlement chez les jeunes, et plus particulièrement de ce plaisir que peut parfois ressentir l’être humain face à la souffrance d’autrui. Rien de neuf sous le soleil du punk nous direz-vous… Reste que le côté addictif de ces mélodies entêtantes, couplé au sentiment dérangeant se dégageant de ces dissonances générées à l’envi, est pour le coup complètement raccord avec les thématiques traitées. Voici donc un album qui, de bout en bout, tient la route, aussi escarpée soit-elle par moments.
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