Unschooling – ‘Random Acts of Total Control’

EP / Howlin Banana / 16.04.2021
Mathy post punk

les guitares furieuses et imprévisibles, les percus algorithmiques et excitées, les boucles obsédantes et la dissonance portée en étendard ne sont pas l’apanage des anglais. Les rouennais d’Unschooling font ça très bien aussi de ce côté du Channel, comme en atteste leur second EP Random Acts of Total Control, aussi jouissif, excitant et déstabilisant que ce qu’on aime entendre chez Black Midi ou Crack Cloud.

Si le disque garde des traces du premier album Defensive Designs dans le grattement compulsif et musclé des guitares façon John Dwyer, le groupe prend une orientation moins garage, mais plus âpre, libre et défragmentée. Le son s’en ressent, gagne en tension et en tranchant. Cette maîtrise nouvelle est peut-être le résultat de l’expérience des musiciens au sein d’autres formations (MNNQNS notamment), mais en tout cas, elle irradie chacun des titres avec évidence.

Les premières secondes de l’introductif More Is More résument parfaitement l’ensemble : un accord de cordes frappé, déglingué, une respiration, et l’installation de la trépidante ligne rythmique sur laquelle se révèle un chanté-parlé mêlant insolence et étrangeté. Chaque couche sonore vient ensuite ajouter du conflit et une vibration étrangement ondulatoire.

La recette est assez proche sur Social Chameleon avec un motif plus simple et des petits riffs impromptus et ludiques; puis plus brute sur No shoes, s’amplifiant pourtant vers un final fantomatique saturé d’écho. Entre temps, Boo Boo Dragon nous aura définitivement rappelé que Rouen est juste en face de l’Angleterre. Le groupe maîtrise en effet parfaitement les formules qu’affectionnent les Squid et autres Black Country,New Road : les équilibres fragiles de superpositions, les ruptures et contretemps improbables parsemés d’échantillons de cuivres.

En guise de clôture, on laisse le corps divaguer sur NYE, composition plus classique au groove énervé, dirigé par une basse dévorante et des claviers planants. En cinq titres, Unschooling confirme son implantation dans le paysage rock en affirmant tranquillement son style. Elle est décidément belle, la relève !