
08 Nov 23 underscores – ‘Wallsocket’
Album / Mom+Pop / 22.09.2023
Hyperpop – Glitchcore
Tout comme la vague du revival post-punk arrive en bout de course ces temps-ci, celle de l’hyperpop inventée dans les années 2010 semble toucher à sa fin. Si on est ravis d’avoir couvert la première sur ce site, on est encore plus contents d’avoir su éviter les immondes saloperies faussement ironiques régulièrement générées par la seconde. Ceci étant dit, et tout boursoufflé qu’il a été, ce phénomène hyperpop laissera forcément des traces dans la musique à venir, du rock à la variété mainstream. Voir par exemple l’actuel succès critique de la sensation bruitiste et nihiliste 100 Gecs outre-Atlantique, même si on vous passe les sous-catégories précises dans lesquelles elle s’inscrit.
C’est dans ce contexte que la chanteuse, compositrice et productrice underscores, elle aussi investie dans ces styles depuis fort longtemps en dépit de son jeune âge (23 ans), sort son deuxième album Wallsocket, sorte de Quadrophenia version trans, glitchcore, et satirique à la South Park qui raconte les déboires de trois jeunes femmes dans une petite ville fictionnelle du Michigan. Le tout sur une bande-son zinzin mêlant rock digitalisé, dubstep hystérique, la-la-las acidulés, et refrains imparables oscillant entre Britney Spears et Blink-182 avec la rapidité d’un doomscroll sur Tik Tok.
Rien sur le papier qui puisse passionner le lecteur habituel de Mowno, à priori. Sauf qu’underscores est douée – très douée, même – pour illustrer les chroniques azimutées de son album-concept, que ce soit à l’aide de hooks ravageurs, de rythmiques saccadées, ou d’envolées harmoniques qui sont soit redoutablement efficaces, soit étonnamment sensibles et subtiles. Et à l’instar du Beck des débuts, elle sait rendre ses grands écarts stylistiques attachants et pertinents, comme lorsqu’elle passe de la grosse artillerie numérique au bluegrass de cul-terreux au beau milieu d’un titre se moquant gentiment de ces derniers (Geez louise). Grosse marrade à Ploucville, sur des sujets pourtant souvent sérieux (rapports de classe, transphobie, prédateurs sexuels en ligne, vautours de l’US Army envoyant la jeunesse défavorisée se faire massacrer…). Pour quiconque saura lever ses préjugés sur les genres musicaux ainsi concassés, Wallsocket est donc riche, enlevé et mémorable, que ce soit sur le fond ou dans sa forme (certes excessive et remplie de sucre). Et surtout, il est rempli de bangers. Peu de rock-opéras, y compris certains classiques des seventies, peuvent prétendre cocher les cases sur autant de fronts à la fois.
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