Under The Reefs Orchestra – ‘Under The Reefs Orchestra’

Under The Reefs Orchestra – ‘Under The Reefs Orchestra’

Album / Capitane / 05.06.2020
Jazz rock postrock

Certains projets musicaux parviennent à nous bousculer. C’est le cas de cet ovni qu’est Under the Reefs Orchestra. Si l’utilisation du qualificatif singulier se révèle le plus souvent abusive dans le domaine des chroniques musicales, il sied parfaitement à ce projet tant les influences du trio instrumental semblent faire le (très) grand écart entre le free jazz, le post-rock, ou même la musique classique. Et effectivement, en auscultant le pedigree des trois compères, on ne peut que se confronter à cette impossible équation : difficile de les classer.

Rembobinons… Retour en 2017. Clément Nourry, du groupe belge Yokai, se voit proposer une carte blanche aux nuits du Bota (haut lieu de la vie musicale bruxelloise). Il convie Louis Evrard, du même groupe, et Marti Mélia et son sax basse envoutant, ainsi que Monolithe Noir qui n’est aujourd’hui plus de l’aventure. Suite à cette expérience en concert et malgré des agendas chargés leur imposant une dynamique particulière, le projet instrumental mûrit. En résulte ce premier album éponyme, fruit d’une démarche et d’un mode de fonctionnement atypique. Et force est de constater que les trois compères ont pour l’instant trouvé un algorithme convaincant.

Petit conseil d’emblée, prenez l’album chronologiquement. Under the Reefs Orchestra a été savamment agencé. Cette cohérence temporelle s’applique au niveau stylistique. D’emblée, Une île installe une ambiance oscillant entre tonalités cristallines et la pesanteur d’une métronomique. En contrepoint, la guitare lumineuse de Clément Nourry se mue rapidement en hachoir lapidaire élevant le morceau vers des hauteurs stratosphériques, implacablement soutenue par ce son de sax tout aussi inhabituel qu’envoûtant.

La surprise et l’opposition continueront d’animer le travail du trio tout au long du voyage. Les guitares éveillées sur Tucuman apparaissent comme un contrepoids parfait au sax basse pachydermique. Car contrairement à Colin Stetson qui pourrait être évoqué, le sax s’inscrit ici plutôt au second plan. Tout en insufflant un groove délectable, il parvient à libérer de la place et sert de support à d’autres expressions.

Si l’on doit pointer un aspect frustrant en ces temps de confinement, c’est l’entêtement de l’album dans son invitation au voyage en ces temps de confinement. Défiant constamment l’ennui, le trio instrumental nous balade au gré de ses humeurs. S’apparentant parfois à des dérapages, les guitares enlèvent avec stupeur un des morceaux clés, Tucuman, subtilement intercalé entre le léger Eldorado et le moins enfantin qu’il n’y parait Hanna. Le brio du trio est finalement de ne pas simplement convier son auditoire virtuel à un voyage. Il stimule l’imagination et suscite les visions les plus vives de telle sorte que le qualificatif ‘cinématographique’ devient difficile à éviter.

Pour ce premier album, Under The Reefs Orchestra évite également la lassitude de fin de parcours et reste passionnant jusqu’au bout du périple. Le bien nommé Le Marcheur dans une envolée post rock nous emmène encore une fois vers des contrées jusqu’ici peu foulées, alors que Le Naufrage clôt le travail avec délicatesse, dépeignant des ambiances nacrées nimbées de volutes opiacées.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Tucuman, Le Marcheur, Le Naufrage


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