
23 Sep 22 Under The Reefs Orchestra – ‘Sakurajima’
Album / Capitane / 23.09.2022
Post jazz expérimental
Faut-il parler pour se faire entendre ? A-t-on besoin des mots pour raconter une histoire ? L’absence de paroles bloque-t-elle le récit ? Non, vous n’êtes pas face à un prof de philo qui aurait abusé de la bouteille, mais vous allez écouter un album instrumental, et les seules indications données sont le nom de l’album et ceux des titres qui le composent. Dans le cas qui nous intéresse, c’est le morceau Sakurajima qui donne son nom à l’album : un volcan japonais mais attention, pas un ancien volcan endormi depuis des siècles. Non, celui-ci est toujours actif, fumant, menaçant et majestueux.
Poursuivant ce qu’ils avaient proposé sur leur premier album, force est de constater que les bruxellois n’ont pas besoin de mots pour nous balader dans des univers toujours changeants. Portée par des boucles lancinantes assurées par le batteur Jako Warmenbol et le saxophoniste Marti Mella, la guitare de Clément Nourry traverse les morceaux, et c’est très souvent elle qui raconte l’histoire (MIR). Cette guitare, qui sonne parfois 50’s comme celle de The Shadows, se permet des envolées lyriques furibardes, des cris saturés et même des diatribes surf (Galapagos). Si la six cordes est l’élément moteur, le saxophone n’est pas là pour faire de la figuration (Heliodrome) et ceux qui ont aimé Morphine dans les années 90 apprécieront de retrouver par moment ce même son rond, lourd et grave.
Les ambiances s’enchaînent parfois au sein d’un même morceau : un jour de pluie devant un paysage désolé parce que oui, il y a du post-rock. Un cognac trop cher dans un bar d’hôtel, un dimanche soir, parce que presque évidemment il y a du jazz. Un trip coloré sous acide, parce que bien sûr, c’est parfois expérimental. Une cigarette fumée au coté d’un détective privé en attendant de prendre en filature une quelconque crapule, parce que définitivement la musique de Under The Reefs Orchestra est cinématographique, et l’album est assez réussi pour que chacun associe les images qu’il veut à ce qui lui traverse les oreilles. ‘Words are unnecessary, They can only do harm‘ chantait Dave Gahan sur Enjoy The Silence… Ce disque est là pour lui donner raison.
A ECOUTER EN PRIORITE
Ants, Sakurajima, Kudzu
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