11 Juin 10 Uffie – « Sex Dreams & Denim Jeans »
Album
(EdBanger)
14/06/2010
Pop electro
Propulsée parmi les artistes les plus en vue de EdBanger au moment même ou le label mettait main basse sur l’electro, Uffie aura mis beaucoup de temps à sortir ce premier album attendu comme la confirmation définitive d’un talent qu’on ne cesse de nous vanter depuis maintenant trop longtemps. Restait à savoir si « Sex Dreams & Denim Jeans » allait sortir au bon moment, ou bien trop tard. Plus tôt, la demoiselle – totalement novice au moment de son premier maxi – se serait certainement brûlée les ailes et n’aurait pu échapper à une chute aussi brutale que son ascension fut soudaine. Seulement, en 2010, plus personne n’attend Uffie avec la même impatience qu’en 2006, quand elle enchainait quelques tubes rapidement montés en épingle, dont ce « Pop The Glock » qu’on retrouve évidemment aujourd’hui avec quelques rides – il faut bien le dire – au sein d’un premier album qui semble littéralement jouer sa carrière sur un coup de dé.
Ce sera donc tout l’un ou tout l’autre. Mais si Uffie n’avait pas passé de longs mois à vivre à cent à l’heure, puis à ranger sa vie, devenir mère, pour finalement trouver le temps d’officialiser son début de parcours, il est certain que son disque n’aurait pas bénéficié d’une telle diversité, d’une palette de producteurs aussi complémentaires (Feadz, Oizo, SebastiAn, Mirwais) qui lui permette de se faire entendre dans d’autres iPhones que ceux des plus updated des mélomanes. C’est une autre certitude: avec « Sex Dreams & Denim Jeans », cette lolita trash dépasse désormais le petit cercle fermé de la hype parisienne, et s’en va déposer quelques traces de bottes sur les voiles de soie un peu jaunis des Madonna, Kylie Minogue, Lady Gaga, et Kesha, dont elle incarne le penchant underground.
Dénué de tout opportunisme (surprise!), cet album décline ainsi une certaine vision de la pop électronique qui lui assure de ne pas être aussi vite consommé qu’il aurait pu l’être il y a une poignée d’années. Du coup, le temps de ce disque frais et désinvolte, Uffie ouvre de multiples brèches, s’applique à dévoiler toutes les facettes de sa personnalité, et en assume les conséquences. Et cela, qu’elle brille (« MCs Can Kiss », « ADD SUV » feat Pharrell Williams), qu’elle lasse (« Difficult »), qu’elle surprenne (le cold wave « Illusion Of Love »), qu’elle se fasse seulement anecdotique (« Hong Kong Garden », reprise de Siouxsie & The Banshees, « First Love », le titre éponyme et son sample du Velvet) ou prévisible (« Art If Uff », « Our Song »). Peu importe, faute de mieux, et plutôt que de vouloir conquérir le monde à tout prix, la demoiselle de 22 ans promet déjà de nous faire passer un été ponctué de franches éclaircies. Quant à savoir si « Sex Dreams & Denim Jeans » rayonnera encore à la rentrée, EdBanger pourrait tenir là l’exception à sa règle des albums vite digérés, tout en se disant qu’il y a quatre ans Uffie aurait fondu comme neige au soleil.
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