
13 Juin 25 Ty Segall – ‘Possession’
Album / Drag City / 30.05.2025
Garage pop
L’hyper-productivité a de bons et de mauvais côtés. Certes, chaque nouvel album est pour le fan l’occasion de croiser son artiste plus régulièrement sur scène et, dans le cas d’un Ty Segall aux prestations scéniques hallucinantes, le plaisir ne se boude pas. En revanche, cette récurrence installe entre les deux une routine qui finit par prendre le pas sur l’enthousiasme, pourtant si cher au Californien. Le constat est d’autant plus valable depuis Harmonizer, premier opus enregistré dans ses propres studio. Après avoir signé la bande originale du documentaire Whirlybird, puis l’acoustique Hello, Hi particulièrement réussi malgré la comparaison embarrassante avec l’excellent Sleeper (2013), ni le partiellement improvisé Three Bells, ni l’EP Love Rudiments enregistré exclusivement avec des instruments percussifs, ne sont venus égaler les grands crus aboutis et ciselés que furent Manipulator ou Freedom’s Goblin. Alors, en 2025, Ty Segall a t-il repris possession de tous ses moyens ?
L’ouverture Shoplifter laisse, en tous les cas, présager le meilleur. La veine Beatles du songwriter y est marquée, et si l’on a souvent comparé sa voix à celle de Marc Bolan de T. Rex, c’est davantage à John Lennon que l’on pense à l’écoute de ce premier titre. Les paroles, coécrites avec Matt Yoka (qui signe la plupart de ses clips), nous racontent l’histoire d’une voleuse à l’étalage cherchant à se repentir. Sans nul doute, la collaboration dans l’écriture des textes apporte ici un suc nouveau au propos. Certaines images font tilt, comme celles du single éponyme Possession qui s’ouvre sur ces mots : ‘A bible placed beside the butter’. L’ambiance est posée : celle d’une Amérique profonde arpentée tout au long de cet album écrit et composé sur les routes du pays.
Dans la lignée de ces deux premiers morceaux, Possession laisse libre court aux sonorités les plus pop du registre de Ty Segall, avec une tendance à lorgner vers le glam 70’s, perceptible dans les distorsions de certaines intros comme dans la structure des suites d’accords. On croirait même entendre la Red Special, guitare emblématique de Brian May, sur The Big Day, tandis que l’entame de Hotel adresse un clin d’oeil à peine maquillé au Editions of You de Roxy Music dont le fantôme refait surface avec la présence appuyée de cuivres arrangés par le fidèle Mikal Cronin.
Parfaite bande son d’un road trip en décapotable, Possession ouvre grand l’horizon et invite à se perdre dans les grandes plaines d’Amérique du Nord. En bons guides, certains chefs-d’oeuvre de Ty Segall restent présents en filigrane (Skirts of Heaven), notamment grâce à cette voix prophétique, magnétique depuis ses débuts, contribuant encore ici à la réussite de ce nouvel album dégageant néanmoins, malgré son écriture nomade, un sentiment encore trop uniforme. Reste la promesse de nouveaux concerts à venir, un exercice dans lequel le Californien sait indéniablement compter pour rassembler toute son audience.
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