
03 Avr 19 Ty Segall & Freedom Band – ‘Deforming Lobes’
Album / Drag City / 29.03.2019
Garage rock
Deforming Lobes n’est autre que le dernier album live de l’hypomane Ty Segall entouré de ses collaborateurs de longue date, enregistré dans la foulée de la tournée consacrée à l’excellent Freedom’s Goblin par Steve Albini, grand manitou de la production, durant trois soirs de concerts donnés fin janvier au Teragram Ballroom de Los Angeles.
Propre volonté du californien ou décision relative au producteur, la set-list ici proposée exclue Freedom’s Goblin, pour mieux couvrir certaines des périodes les plus intéressantes de l’artiste, et se poser comme un concentré de son évolution depuis 2010. Si l’on retrouve avec plaisir certaines des pépites les plus garage de ses débuts – Finger (Melted), They Told me Too et Love Fuzz (Twins) – on se délecte aussi de ses périodes plus expérimentales et psyché avec des titres comme The Crawler (Manipulator), Squealer et Breakfast Eggs issus du plus loufoque mais non moins qualitatif Emotional Muggers, ou encore Warm Hands du deuxième album éponyme paru en 2017.
Mais c’est sans aucun doute l’interprétation de ce corpus livrée par le Freedom Band qui rend ce nouveau live une fois de plus indispensable dans la discographie de Segall : l’alchimie entre les différents membres y est palpable et le quintet s’offre une prestation mémorable du début à la fin de ces quelques trente cinq minutes d’écoute. Brutalité ici explosive mais constamment maîtrisée (Love Fuzz, The Crawler), là plus réservée mais toujours aux aguets (Squealer, Breakfast Eggs), la formation atteint à plusieurs reprises des moments inouïs de toute puissance. Le tout s’enchaîne alors avec une fluidité sans précédent, et ce raz-de-marée métallique et bruyant emporte tout sur son passage.
Ainsi, si Freedom’s Goblin représentait une anthologie du rock selon Ty Segall en offrant une représentation des plus exhaustives de toute l’étendue de son talent, ce dernier opus, lui, constitue une véritable rétrospective des épisodes les plus marquants de la carrière de l’intarissable blondinet, le tout porté par le souffle dévastateur propre à sa formation actuelle. A tel point qu’au terme de l’écoute, on se demande s’il est encore nécessaire de justifier qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et que tant que des albums comme celui-ci verront le jour, le rock aura encore de longues années à couler.
A ECOUTER EN PRIORITE
Love Fuzz, Cherry Red
No Comments