
19 Août 19 Ty Segall – ‘First Taste’
Album / Drag City / 02.08.2019
Garage rock
Un peu plus d’un an après l’excellent Freedom’s Goblin, Ty Segall a repris le chemin du studio pour accoucher de First Taste qui le voit renouer avec les vieux démons de sa carrière solo. Toujours aussi féru d’originalité et de nouvelles sonorités, le californien offre à ce nouvel album la particularité notable d’occulter totalement la guitare pour mieux mettre en lumière d’autres instruments plus atypiques, tout en conservant l’essence d’un garage extrêmement sophistiqué devenu au fil du temps sa signature.
S’il est presque devenu difficile aujourd’hui de suivre les pérégrinations musicales de Ty Segall tant l’urgence qu’on lui connaît dans son exercice créateur semble le pousser à toujours plus d’excentricité, ce nouveau disque réussit le pari de concilier expérimentation et authenticité de la plus belle des manières. Si l’entame Taste ou encore The Fall et Whorship The Dog font résonner un garage des plus énergiques et ultra saturé, renforcé par le chant criard et nonchalant de Segall, l’album se veut dans son ensemble assez loin des dernières productions de l’américain. Celui-ci s’éloignant quelque peu de sa zone de confort en abandonnant la guitare, le processus de composition propre à First Taste se ressent dès la première écoute de l’ensemble. La batterie, par exemple, autre instrument de prédilection du songwriter, se veut d’une puissance jubilatoire (Whatever, When I met My Parents Pt.1, Self Esteem) tandis que, sur beaucoup d’autres facettes, l’album évoque Manipulator dans l’acoustique qu’il déploie à travers l’usage d’instruments exotiques tels que le koto japonais ou encore le bouzouki grec (The Arms, Radio). Enfin, l’utilisation de la flûte traversière ou des cuivres, couplée aux synthétiseurs toujours judicieusement disséminés, apporte un psychédélisme venant complexifier encore plus la toile musicale ainsi créée (I Sing Them).
Non content de repousser les limites du garage de manière purement instrumentale, cet album se veut également d’une profondeur lyrique que l’on aurait presque oubliée depuis Sleeper. Ici, Ty Segall s’interroge, se questionne sur son passé comme sur son avenir, évoque sa relation avec ses parents tout en revenant sur des épisodes récents de sa vie artistique, le tout venant s’ancrer dans la réalité par des prouesses vocales rarement entendues jusqu’à maintenant. Mais ce qui fait la particularité de First Taste, c’est surtout la manière dont Ty Segall s’affranchit des barrières et autres conventions du genre pour le révolutionner, tout en conservant un style reconnaissable parmi tant d’autres. Tout ceci contribue à asseoir encore un peu plus la suprématie du californien dans le paysage garage psychédélique actuel, tout en apportant une touche d’originalité supplémentaire à sa discographie.
A ECOUTER EN PRIORITE
Radio, Taste, The Arm, When I Meet your Parents Pt. 3
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