Two Fingers – « Stunt Rhythms »

Two Fingers – « Stunt Rhythms »

two180Album
(Big Dada)
08/10/2012
Hip hop rugueux

En interrogeant votre neurone des souvenirs proches, vous vous rappellerez sans doute de l’un des morceaux-phare de la compilation des vingt ans de Ninja Tune. Noyé dans la masse d’inédits et de remixes exclusifs tous styles confondus, « Fools Rhythm » laissait éclater hors-contexte son beat monstrueux et sa mélodie fédératrice. Une apparition justifiée et loin d’être innocente puisque, deux ans plus tard, on retrouve ce thème sur ce nouvel album d’un Amon Tobin à peine caché sous son pseudo Two Fingers.

Derrière la samba, le string ficelle et la caïpirinha, Amon Tobin est sans doute aujourd’hui parmi les « produits » brésiliens les plus exportés. Comme s’il n’écoutait rien autour de lui, comme s’il portait un casque antibruit en permanence, ce génie accouche depuis plus d’une décennie d’un son toujours unique, à peine refroidi par les autopsies organiques déclinées sur « ISAM« , un dernier album à deux doigts d’inverser dangereusement la tendance avec sa bouillabaisse pour geeks acharnés. Pourtant, sans jamais se perdre dans les extrêmes comme c’est parfois le cas avec Autechre et consorts, Amon Tobin entretenait l’espoir de conserver sa place en tête du peloton, prêt à prendre un tour aux retardataires à grands coups de morceaux chiadés au possible qui ne prenaient leur sens que pendant cette tournée surréaliste, où les images projetées sur sa structure cubique secouaient la réalité.

Finalement, on s’est laissé décourager, las de devoir établir des connexions neurologiques inédites pour comprendre sa musique. Mais quand Amon Tobin revient aux basiques, l’essentiel est là. Et c’est même mieux. La preuve avec ce nouvel album de Two Fingers, combinaison idéale de trois qualités précieuses du producteur: puissance, groove et souci du détail. Agressive mais plus terre à terre que ses dernières compositions, cette série d’instrumentaux tient fermement la barre du début à la fin, enchaînant d’épaisses expériences (le huileux « Sweden », « Elmer Rhythm ») avec du hip-hop plus conventionnel (« Magoo ») qui ne demande qu’à accueillir un MC bien coiffé.

Amon Tobin sculpte ici quelque chose de brut, opérant un gros travail sur des textures généralement rugueuses. Ainsi, le dubstep industriel de haut niveau de « Stripe Rhythm » frappe en premier tel un coup de massue, avant que notre savant fou du bricolage auditif enchaîne les pièces solides sans jamais dépasser les quatre minutes histoire de soigner l’efficacité de l’ensemble: le déconstruit « Snap » dont les fragments hip hop éclatent comme du papier bulle, le sci-fi et uptempo « Razorback », un « Lock86 » tout droit sorti d’une époque ou Aphex Twin faisait déjà tourner les têtes, ou « 101 South », indiscutablement l’un des morceaux les plus charismatiques. Avec eux, aucune chance d’aller droit dans le mur en vous procurant ce double cd bien parti pour faire regrimper la côte de popularité de son géniteur.

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2 Commentaires
  • Agibi
    Posté à 16:30h, 01 novembre Répondre

    Putain de skeud de batard!!!!

  • Robert Salmerde
    Posté à 01:18h, 22 décembre Répondre

    C’est à la fois vulgaire et maniéré. Chapeau

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