Twin Drugs – ‘In Now Less Than Ever’

Twin Drugs – ‘In Now Less Than Ever’

Album / Crazysane / 07.10.2022
Noisy shoegaze

Avec ses guitares distordues, ses grésillements étranges et ses voix sous-mixées, le shoegaze a généralement le don, soit de déboussoler et de faire douter tout néophyte du bon fonctionnement de son système audio, soit de provoquer l’incompréhension totale, et même de sévères éruptions cutanées chez l’audiophile qui ne jure que par la musique surproduite – allez, au hasard… comme celle de Dream Theater.

Mais ce sous-genre de l’indie rock est aussi – et surtout – capable de générer une imparable sensation d’ivresse, suivie d’une forte dépendance aussi bien chez quantité d’amateurs de musiques bruitistes, lo-fi ou pop un tant soit peu acidulée, que chez les sujets encore vierges de toute salissure noisy, mais pour autant prêts à se laisser flotter dans ces brouillards sonores. Et si le 21ème siècle a vu éclore diverses hybridations plutôt excitantes du genre – avec le rock heavy / grunge chez Nothing, le black metal chez Deafheaven et Alcest, ou encore le doom chez Jesu – on trouve assez peu d’exemples de formations actuelles dans la directe filiation de l’un de ses principaux précurseurs : My Bloody Valentine.

Avec ses guitares fuzz abrasives, ses chœurs androgynes, ou encore ses tangages envoyés à grands coups de trémolos, Twin Drugs et son premier LP, In Now Less Than Ever, nous replongent bien dans les ambiances du mythique Loveless sorti au tout début des années 90, tout en y injectant de manière ciblée sa dose de piquant. Ainsi, non content de nous maintenir en état d’étourdissement et de réussir à faire voler en éclat la notion de contour – Brian Eno parlait d’ailleurs d‘art du flou concernant la bande à Kevin Shields citée plus haut – le trio semble aimer souffler le chaud et le froid, entre électrochocs noise rock (The Velvet Noise – justement…) ou garage (Dust Worship) et distillations dream pop (Eyelets & Aglets). Ses penchants pour les expérimentations psychédéliques ressortent dans l’interlude Fanfare, où mélodies de flûtes indiennes côtoient samples de voix extra-terrestres rappelant Boards of Canada.   

On ne sort donc pas indemne de l’univers de Twin Drugs : la confusion finit par régner, entre sentiments de légèreté, de chaos, d’espoir, de simplicité, de déconstruction ou encore d’opacité. Ce que l’on sait, en tout cas, c’est que ce nouvel opus est de ceux qui ne laissent pas indifférents et que sa sortie, début octobre, ne pouvait pas mieux tomber : le titre Fell Off est à lui seul la parfaite bande son des ballades automnales sur fond de crachin narquois, brumes persistantes, premières gelées, luminosité en berne et feuilles mortes. De quoi entamer la route qui mène à l’hiver de la manière la plus douce et zen qui soit…

VIDEO
ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

World Fell Off, Ash Candied Cough, We Want Our Heaven, The Velvet Noise


Pas de commentaire

Poster un commentaire