TVOD – ‘Party Time’

TVOD – ‘Party Time’

Album / Mothland / 09.05.2025
Post punk

A l’heure où la tendance est plutôt à l’économie de moyen, aux power trios, aux duos empiriques voire aux projets solos, TVOD (Television Overdose) bouscule les orientations du rock contemporain en s’affichant à six ! Rien de révolutionnaire, certes, juste un line up plutôt atypique pour un jeune groupe de la scène indé. Mais les codes, on le comprend très vite dès la première écoute de Party Time, Tyler Wright (chant), Mem Pahl (batterie et synthétiseurs), Micki Piccirillo (basse), Jenna Mark (chant et synthétiseurs), Serge Zbrizher (guitare) et Denim Casimir (guitare également) s’en moquent ouvertement. Ils signent là leur troisième album, le premier à venir jusqu’à nous puisque leurs précédents projets – Daisy et Victory Garden – étaient restés plutôt confidentiels.

Sorti sur le label québécois Mothland, pourvoyeur de musiques nouvelles et avant-gardistes, Party Time permet de mettre enfin en lumière la puissance mélodique du frontman Tyler Wright, comme son approche excentrique de l’écriture. Enregistré dans les conditions du direct à Montréal, au Gamma Recording Studio qui a à son actif quelques références comme Corridor, Population II, La Sécurité – l’album, gorgé de riffs de guitare tranchants, de nappes de claviers luxuriantes et de grooves robustes et précis – est sans conteste l’œuvre la plus organique et viscérale des américains à ce jour. Et bien que son titre puisse suggérer le contraire, Party Time (‘You like to party, I like to party, come on, let’s go get party!‘ exhorte Wright sur le dernier titre éponyme de l’album) est le plus souvent introspectif et profondément ancré dans un post-punk torride, dépeignant les réalités douces-amères de la vie nocturne de New York qui donnent aux chansons (oui oui, on peut parler ici de chansons !) un côté poignant et mélancolique.

Bourrés de références vintages ou contemporaines, ces onze titres doucement excentriques, souvent dansants, mêlent sans complexe post-punk, punk rock et krautrock. Uniform, en ouverture, évoque même vocalement les lignes mélodiques désabusées de Kurt Cobain période Nevermind mais ce sera à peu près tout pour les amateurs de grunge. Pour les autres, la suite est une explosion de guitares tempétueuses et de refrains imparables. L’exemple le plus marquant est le premier single Car Wreck qui réussit le tour de force de s’étaler sur plus de quatre minutes, de s’offrir une longue jam instrumentale lardée de soli de guitares et de résonner pourtant comme un classique immédiat. Une profondeur qui tient aussi à l’utilisation parcimonieuse de synthés 90’s emmenant le morceau sur les terres familières de Tramhaus (influence également dominante pour nous, Européens, sur le plus léger et insouciant Pool House) et qui renforcent le côté solaire et atypique du disque (Super Spy, Wells Fargo). Du rugueux MUD aux Alcohol ou Take It All Away aux faux-airs d’’indie-rock from Boston’ des Pixies et des premiers albums solo de Frank Black, les six musiciens de TVOD ruminent leurs influences, varient les plaisirs pour ne s’enfermer dans aucune case, sinon la leur : s’amuser et faire bouger les gens.   

Party Time, produit par Félix Bélisle et Samuel Gemme, promet une expérience d’écoute exaltante, remplie d’émotions singulières portées par un son brut et fulgurant, certes souvent entendu mais rarement aussi excitant. Jouissif et fédérateur, ce troisième album de TVOD est tout à la fois délicieusement régressif et furieusement moderne. On risque de transpirer avec eux pendant un long moment, surtout que quelques dates en France se profilent… ‘What time is it ? Party Time !

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Uniform, Car Wreck, Pool House, Empty Boy, Party Time

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