Tvivler – ‘Ego’

Album / Negativ Psykologi / 03.04.2020
Punk hardcore

Il aura fallu s’armer de patience. Cinq ans à trépigner, à se contenter de titres lâchés au compte-goutte, à attendre en vain que Tvivler se décide à livrer Ego, son premier long format. Nous voilà enfin servis. Et bien servis. Car outre la joie non dissimulée de retrouver Thomas Burø, l’ex frontman de Lack désormais entouré d’anciens membres d’Obstacles et de Children Of Fall, c’est bel et bien la puissance d’un collectif soudé qui vient éclater au grand jour.

Les danois dévoilent un punk hardcore urgent, envoyé comme il se doit dans la fureur et la contestation. La voix de Thomas Burø, ici déployée dans sa langue maternelle, retrouve sa clarté caractéristique au milieu d’une orchestration que l’on qualifierait presque de grandiose. De bout en bout, le groupe fait preuve d’ingéniosité, se faufile entre ses trouvailles imparables et assène une matière d’une richesse impressionnante, copieusement remplie de surprises pour tenir en haleine tout le long du disque.

L’à peu près n’a donc pas sa place ici : la brutalité rythmique hautement maitrisée, les mélodies  de haute volée assurées par des guitares tranchantes toujours placées avec tact, comme par le chant de Burø (encore lui), finissent d’assoir des titres éclatants de beauté (Forkert, Brudt, Vold, Navn). Mais les réjouissances ne s’arrêtent pas là : que le groupe décide d’exposer sa rage pied au plancher (Kandidat, Jonas, Komplet, Knytnaeve, Venter), qu’il intègre de judicieuses respirations (Forvalden, Vestover, Folkløs)  ou qu’il introduise un saxophone en électron libre (Sabotage, Barn), il continue sans défauts d’élever le niveau de son rock flamboyant, causant de sérieux dommages.

Tvivler frappe un grand coup sur la scène punk hardcore et va très certainement faire trembler les murs en dehors de Copenhague. Ego est un album vertigineux qui, composé avec richesse et intelligence, est à glisser sans hésiter en haut de la pile. Alors oui, l’attente fut longue mais nous sommes définitivement bien servis. Et pour un bout de temps car, écoute après écoute, le disque n’en finit plus de dévoiler ses éclats.