Turbo Panda – ‘JAWS’

Turbo Panda – ‘JAWS’

EP / 04.2021
Punk noise

Déjà responsables d’un EP éponyme et du LP Black Straps qui renvoyaient chacun au meilleur de la noise et du post hardcore emo américains de ces trois dernières décennies, Turbo Panda ne compte pas figurer dans la liste des espèces en voie d’extinction. D’où ce nouvel EP de 4 titres, JAWS, qui, dès ses premières secondes, prouve que le susdit ursidé est en bonne santé, et bien décidé à aller de l’avant. Car on le sent tout de suite, il y a du nouveau. Non pas que le trio manceau ait renié Fugazi et Jawbreaker sur Summer Camp, qui ouvre le bal. C’est juste que ces influences-là sont mises au second plan… Basse à la Joy Division, lourde et répétitive, échos secs et quasi-industriels d’une caisse claire en embuscade dans les contre-temps, voix possédée par le fantôme de Ian Curtis, Turbo Panda semble aussi dorénavant emprunter au lexique du post-punk anglais. Et si cela rejoint les tendances du moment, force est de constater que cette insertion s’opère sans aucun écueil sur ce morceau d’ouverture—là où elle serait probablement maladroite et opportuniste chez d’autres.

Ce sillon aride est ensuite creusé sur Put Him Down, qui revient inlassablement sur la même dominante harmonique que son prédécesseur. Il n’y aura qu’une batterie binaire, plus une montée chromatique rappelant celle du Aneurysm de Nirvana, pour réellement différencier les deux premiers titres—titres dont même les longueurs sont identiques, et ce à la seconde près. L’animal tournerait-il en rond dans sa cage ? Non, car il suffit de regarder la pochette de JAWS pour se rendre compte que ce sentiment de redite est bel et bien l’effet recherché. Musicalement parlant, les mâchoires de l’étau en question développent un thème bien précis, celui de l’obsession. Turbo Panda maîtrise son propos. Il sait où il veut nous emmener. Et en cela, il montre qu’il a bien compris le sens des différentes esthétiques qu’il emprunte, au-delà de tout effet de mode.

Et même s’il ajoute de nouvelles cordes à son arc, le groupe ne perd jamais son identité propre. Pour preuve, les entrelacs de guitares granuleux qui percent ça ou là le canevas glacial offert par le EP. Ou encore les brusques coups de nerf à la voix. Pour preuve également, les deux derniers morceaux, bien plus proches du noise rock proposé dans Black Straps, sans que la transition ne soit jamais artificielle ou choquante. Introduit par un tapping indolent à quatre notes, lourd de menaces, The Moviegoer invite Small Brown Bike et Interpol à la dernière séance, là où le bondissant JAWS navigue entre les riffs boueux d’Unsane et les breaks à la Rival Schools. L’étau se desserre un peu, et comme toujours, la captation de l’ensemble est brute, organique, au plus près des performances en live des trois lascars. Rappelons pour finir que les promesses du premier EP de Turbo Panda avaient toutes été tenues par l’album qui avait suivi. Or, les nouvelles promesses énoncées par JAWS prouvent que le groupe a encore plein de choses à raconter. Là encore, espérons que l’histoire se répètera.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Summer Camp, The Moviegoer, JAWS


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