Tunde Adebimpe – ‘Thee Black Boltz’

Tunde Adebimpe – ‘Thee Black Boltz’

Album / Sub Pop / 18.04.2025
Indie

Dans une époque où l’art numérique domine les pratiques créatives, certains artistes reviennent à des formes simples, brutes, intimes : le carnet. Ce petit objet aux pages blanches ou lignées devient un réceptacle de mondes intérieurs, un laboratoire d’émotions, une carte mentale où se croisent le dessin, les mots, les sons. Le carnet est un atelier portable où l’on peut laisser libre cours à son imagination, noter des idées, esquisser des projets ou simplement décharger ses émotions. Tunde Adebimpe, lui, y liste des références musicales et des esquisses visuelles, formant ce qu’il décrit comme une ‘mixtape d’émotions que la musique pourrait évoquer. Une sorte de carte des sentiments’. Tunde est un artiste accompli naviguant à la fois entre le dessin, la musique et le cinéma. Mais c’est en tant que cofondateur et co-chanteur de TV On The Radio qu’il met le monde de la musique indé en émoi depuis maintenant plus de deux décennies. Mais alors que le groupe annonce une série de concerts en 2025, son frontman déboule en solo avec Thee Black Boltz. A l’image d’un Albert Camus, d’un Fiodor Dostoïevski ou d’une Virginia Woolf, Tunde y explore et chante la psyché humaine, entre noirceur et éclairs de vérité. Ce premier album est le reflet d’une tentative fragile mais tenace du new-yorkais : trouver un peu de joie au milieu du tumulte et de la tristesse, coûte que coûte.

Sur Magnetic, nous retrouvons cette voix haut perchée, signature vocale de Tunde. Le morceau est un hymne de renaissance et d’empowerment, à mi-chemin entre un poème futuriste et un cri du cœur électronique. Il parle de résistance, d’identité, de reconnexion à soi, tout en évoquant une esthétique électrique et vibrante. Ce premier single met en exergue cette force d’attraction, notre capacité à influencer ou à résister. Cette idée de renaissance s’impose également avec Ate The Moon, une odyssée hallucinée, une métaphore du dépassement de soi à travers la destruction, la folie, voire l’illumination. Le tout sur une boucle musicale accidentée, torturée et un chant saccadé. Le new-yorkais aborde aussi un thème universel, l’amour, sous toutes ses formes, entre perte et trahison. A l’image de God Knows, une ballade pop intense et poignante qui parle d’une relation toxique et d’une rupture difficile, mélangeant désillusion, désespoir et libération. Nous atteignons le sublime avec ILY, qui nous montre une autre facette de l’artiste. Le chant est lent, la voix rassurante. C’est une déclaration douce-amère, intime, presque murmurée à quelqu’un qu’on ne veut pas perdre. Les premières secondes de The Most, chanson sur l’amour qu’on continue à porter même quand on ne le veut plus, nous rappellent brièvement le son de LCD Soundsystem avec qui TVOTR devrait partager prochainement quelques dates. Blue, à l’ambiance sombre et pesante, semble dépeindre un paysage émotionnel et social apocalyptique. Le morceau est une métaphore de la révolte, du renouveau et de la transformation. Sur Somebody New, qui ne saurait nous rappeler New Order après leur virage électronique, Tunde aborde une autre forme de lutte, celle intérieure ! Qui n’aimerait pas parfois être une meilleure version de lui-même ?

Thee Black Boltz s’impose comme une œuvre sincère, hybride et viscérale, à l’image de son auteur. C’est est un projet musical dense et audacieux, où Tunde Adebimpe brouille les lignes entre rock indé, électro poétique et ballades hantées. L’album est une traversée émotionnelle qui confirme, une fois de plus, que l’artiste new-yorkais reste l’une des voix les plus singulières de la scène indépendante contemporaine.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Magnetic, ILY, The Most, Somebody New

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